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« Du Collectif Etc aux « collectifs d’architectes » : une pratique matricielle du projet pour une implication citoyenne »

By 29 novembre 2017février 14th, 2019point de vue

Le 17 novembre 2017, Florent Chiappero a soutenu sa thèse de doctorat en architecture, menée dans le laboratoire Project[s] de l’ENSA Marseille, sous la direction de Stéphane Hanrot () et la co-direction de René Borruey.
Le jury était composé d’Angelo Bertoni, Viviane Claude, Jac Fol, Antonella Tufano et René Borruey.

Pour télécharger l’intégralité de la thèse, c’est ici.

Résumé.

Depuis quelques années, les « collectifs d’architectes » occupent une part non négligeable de l’espace médiatique. Mais le manque de travaux réflexifs ou théoriques, fondés sur une investigation scientifique, pourrait nous laisser croire que nous assistons là à une nouvelle lubie de jeunes architectes en quête de reconnaissance. Savons-nous même qui sont-ils et ce qu’ils font ? Telles sont les deux principales questions aux quelles nous avons ici tenté de répondre. Une recherche se fondant sur des opportunités, la mienne a été d’être co-fondateur en 2009 de l’un de ces groupes, le Collectif Etc. J’en suis depuis l’un de ses principaux animateurs, et toute cette recherche a alors pris appui sur ce groupe.

Dans une première partie de cette thèse, et à partir de ce groupe, nous avons mis en avant l’existence d’un réseau de praticiens, se connaissant et se reconnaissant sous le vocable de « collectifs d’architectes ». Puis, par l’étude d’un corpus restreint, nous avons identifié trois caractéristiques de la pratique de ces groupes, nous amenant à construire une définition de ce que l’on peut qualifier aujourd’hui de « collectifs d’architectes » : des groupes, comprenant majoritairement des diplômés en architecture, dont l’objectif est de favoriser l’implication citoyenne dans les processus de transformation de la ville dans le but de créer des situations autogérées. Leurs modalités d’intervention correspondent à la réunion de la pratique de la résidence, de l’usage de l’auto-construction et de la production d’architectures éphémères.

Notre objet d’étude défini, nous avons formé l’hypothèse que ces groupes développeraient un modèle original de pratique du projet, reposant sur la construction de matrices favorisant l’implication de multiples acteurs tout au long du processus du projet. Pour cela, nous sommes partis de l’analyse de plusieurs actions réalisées ces dernières années par le Collectif Etc, nous permettant de définir trois matrices successives et que nous avons appelées mythogénique, constructive, et politique. Pour chacune d’elles, une recherche historico-théorique nous a permis d’en proposer des définitions plus complètes, caractérisant une pratique matricielle du projet, favorisant l’implication citoyenne. La confrontation de cet idéal-type à l’ensemble des projets du Collectif Etc, puis à des actions menées par les membres de notre corpus restreint de « collectifs d’architectes » nous a permis de confirmer la pertinence de ce modèle. Et si la concomitance de ces trois matrices ne se trouvent qu’être exceptionnelle, il nous a permis de soulever quelques limites aux projets réalisés par ces groupes. Enfin, si ce modèle a été construit sur la base de la pratique particulière de ces groupes, nous pensons qu’il pourrait se révéler pertinent à l’ensemble des praticiens souhaitant impliquer divers acteurs dans les processus de fabrique de la ville.

Abstract

In recent years, « architects’ collectives » occupy a significant part of the media space. But the lack of reflexive or theoretical work, based on scientific investigation, might lead us to believe that we are witnessing a new fad of young architects looking for a better recognition. Do we even know who they are and what they do? These are the two main questions to which we will to answer here. A research is based on opportunities, and mine was to be the co-founder in 2009 of one of these groups, Collectif Etc. I have been one of his main animators, and all this research has been supported on this group.

In a first part of this thesis, and starting from this group, we have highlighted the existence of a network of practitioners, knowing each other and recognizing themselves as « architects’ collective ». Then, by studying a limited corpus, we identified three characteristics of the practice of these groups, leading us to draw a definition of what can today be called an « architects’ collective »: groups, including architectural graduates, whose goal is to foster citizen involvement in the transformation processes of the city in order to create self-managed situations. Their methods of intervention correspond to the combination of the practice of residence, the use of self-construction and the production of ephemeral architectures.

We have developed the hypothesis that these groups developed an original model of project practice, based on the construction of matrices favoring the involvement of multiple actors throughout the project process. For this purpose, we started from the analysis of several actions carried out in recent years by the Collective Etc, allowing us to define three successive matrices that we have called mythogenic, constructive, and political. Then, for each one, a historico-theoretical research allowed us to form more complete definitions, characterizing a matrix practice of the project, favoring citizen involvement. The confrontation of this ideal-type with all the projects of Collectif Etc and then with actions carried out by the members of our restricted corpus of « architects’ collectives ». This enabled us to confirm the relevance of this model, even if the concomitance of these three matrices are only exceptional, raising the limits of the projects carried out by these groups. However, if this model was constructed on from the practice of these groups, we believe that it could be relevant to all practitioners wishing to involve various actors in the city’s manufacturing processes.