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Escapade espagnole

By 05 août 2012info
Collectif Etc,

Collectif Etc,

Première partie: Le Collectif au festival EME3, à Barcelone

Du 29 juin au 1er juillet, le Collectif a été invité au festival Eme3 édition 2012 dont le but est « de faire découvrir et vivre d’autres façon de pratiquer l’architecture sous le thème du « Bottom-up » (qui s’oppose au « Top-down »), c’est à dire partir des représentations individuelles des citoyens pour les assembler et ensuite les agréger sous forme de composantes d’un système complet à plus grande échelle ».Trois journées de rencontres, conférences et débats ont permis de nous plonger dans les questionnements communs auxquels sont confrontés les collectifs actuellement au-delà de nos frontières et en particulier entre la France et l’Espagne. Nous avons ainsi pu aborder et confronter différentes problématiques: les relations entre les collectifs et la politique de la ville, l’intérêt de la mise en réseau transfrontalière de ces collectifs, les enjeux de l’évolution des métiers de l’aménagement, les différentes temporalités de la ville, etc…

Entre autres, nous avons pu rencontrer, au travers des exposés ou de vive voix, un certain nombre de collectifs remarquables que nous citons ici :

Arquitecturas expandidas,
Bureau SLA + Overtreders W,
Idensitat,
Institute of placemaking,
LaCol,
Pez estudio
Raumlabor

Recetas urbanas

Todo por la praxis
Zuloark
et encore d’autres ici

La plupart d’entre eux, basés en Espagne, font partie d’un réseau actif de collectifs, intéressés par la fabrication collective de l’espace public, appelé arquitecturas colectivas. La chronique de leur formation, la définition d’objectifs communs et la mise en place d’outils partagés interactifs au sein d’un tel groupement nous touche particulièrement car une telle initiative n’a pas encore été développée en France. Créé en 2007, ce réseau fut initié par un projet fédérateur appelé « containers collectifs » et mené par Santiago Cirugeda. Le recensement et les contacts réalisés durant cette première année furent suivis du montage d’une plateforme internet, outil de communication inter-collectifs, de nouveaux projets collaboratifs et de rencontres-workshops au niveau national. Ce réseau a pour but de créer un cadre opérationnel facilitant la collaboration entre les projets et les collectifs en vue de renforcer et multiplier les initiatives citoyennes de fabrication de la ville.

En ce qui nous concerne, le chantier ne fait que commencer…

Seconde partie: Le Collectif à Valencia

Les 2 et 3 juillet, invités par l’institut français de Valence et le collectif LaCIV (Coordination d’Initiatives de Voisins), nous avons eu l’occasion d’appréhender plus concrètement deux initiatives de fabrique de la ville « bottom up » à Valence. L’une comme l’autre sont le fruit d’une union citoyenne revendiquant un espace public ou privé délaissé de la ville depuis de nombreuses années pour l’activer et le rénover au profit d’une gestion collaborative du lieu.

Collectif Etc

La première, le réaménagement participatif de la friche Solar Corona, est née d’une rencontre nationale de collectifs, nommée Comboi a la Fresca, au sein du réseau Arquitecturas Colectivas à Valence en 2011. Laissée à l’abandon depuis un temps immémorial et sans projet immobilier planifié, la friche Corona, comme de nombreuses autres à Valence, constituait un prison de verdure et un potentiel de jardin public inaccessible entre quatre murs. En 2011, avec l’accord tacite du propriétaire privé, un groupe de collectifs ont rendu possibles le nettoyage, l’accessibilité et l’activation du lieu. Aujourd’hui et depuis un an, sans aucune subvention publique, ils mènent des réunions hebdomadaires pour aider les voisins à auto-gérer cet espace public temporaire. D’autres expériences similaires en Espagne, menées en collaboration avec la ville, valent le détour: estonoesunsolar à Zaragoza, ou bien El campo de Cebada à Madrid.

La seconde initiative, la réhabilitation citoyenne d’une ancienne chaudronnerie la Caldereria, est aussi née à la suite de la rencontre Comboi a la Fresca. C’est dans le contexte actuel de crise immobilière, que les promoteurs en charge de la friche industrielle proposèrent au collectif LaCIV de la réactiver selon le concept de « masoveria urbana ». Cette expression, traduite par « gardiennage urbain », correspond à la cession d’usage d’un lieu inutilisé à une famille ou un groupe de personnes en ayant besoin, sans contre-partie monétaire en échange de son amélioration. L’idée est ancienne; elle vient du passé rural, de l’époque où les paysans vivaient dans des demeures et cultivaient des terres dont la production était partagée avec son propriétaire. Le cadre juridique de ces conventions d’occupation est encore flou mais procède de notions familières telles que la collaboration citoyenne et la valorisation du patrimoine bâti. Aujourd’hui, l’ancienne halle fait l’objet d’un appel à participation pour inviter des associations à s’installer, rénover le lieu et collaborer à renforcer le tissu social et culturel de Valence.

L’Espagne en crise, l’occasion de repenser à de nouvelles façons de fonctionner?

Ces deux initiatives, dans un contexte de crise sévère, font preuve d’une volonté citoyenne autogérée de se réapproprier des lieux inutilisés de la ville sans soutien financier ni matériel des pouvoirs publics. Elles sont l’expression même de la collaboration inter-collectifs espagnols. Ces expériences sont peut-être des signes montrant les potentiels que pourrait apporter la mise en commun de forces entre les collectifs en France, permettant de redonner un rôle moteur au citoyen dans la transformation de la ville.