Durant l’été 2013, le Collectif Etc est intervenu à Vitrolles (13), avec les collectifs Exyzt, Les Saprophytes et Bellastock.

VITROLLES ÉCHANGEUR, UN PROJET CULTUREL POUR DES DÉVELOPPEMENTS URBAINS
Vitrolles Echangeur est le projet culturel lancé par le Bruit du Frigo et porté par la mairie de Vitrolles pendant cette année 2013. Il a pour objectif de changer l’image de cette ville, révéler ses possibles et préfigurer des développements urbains futurs en embarquant les vitrollais et les services municipaux. Vitrolles Echangeur veut écrire un récit collectif à l’échelle métropolitaine. Un élément de ce vaste programme est l’idée d’un réseau de « lieux magnétiques » qui correspondent à des sites à activer répartis dans Vitrolles, à l’aide de chantier-évènements. Pendant l’été 2013, la ville de Vitrolles invite 4 groupes, Exyzt, Les Saprophytes, Bellastock et le Collectif Etc, qui se mettent d’accord sur un projet commun, le Made in Vitrolles, en se concentrant sur un lieu magnétique, le centre urbain.

DU CENTRE URBAIN AU CENTRE VILLE
Le centre urbain est un ensemble d’immeubles d’habitations, d’espaces publics, d’administrations, d’un centre commercial, et de commerces de proximités. Il a été construit au milieu des années soixante dix, en plein développement de Vitrolles, « la ville nouvelle ». En effet avec la délocalisation des activités du Port Autonome de Marseille vers Fos-sur-Mer, et celles des industries le long de l’étang de Berre, l’État finance une extension exceptionnelle de la ville en plusieurs phases. Malheureusement, le développement économique et l’accroissement de la population escompté n’a pas eu lieu, et le centre urbain est maintenant un des nombreux morceaux de villes enclavé et peu dynamique, séparé du reste de Vitrolles par des infrastructures routières. Les espaces publics du centre urbain sont plus traversés qu’appropriés. Cependant ils ont du potentiel pour trois raisons :
– Le centre urbain représente une centralité liée essentiellement au marché bi-hebdomadaire, et aux administrations. Cependant, ce n’est pas un centre ville pour de nombreux habitants.
– Certains lieux voient se croiser des flux importants, notamment au niveau de la gare routière et du centre commercial. Mais ces flux restent subis et ne donnent pas lieu à de véritables appropriations de l’espace.
– Les espaces publics sont en relation avec une mixité de fonctions même si les commerces de proximités sous les arcades ferment les uns après les autres.

Comment expérimenter la mutation d’un centre urbain vers un centre ville? L’idée est d’occuper et transformer les espaces publics du centre urbain pendant deux mois pour donner à voir des possibles et amener les gens à se les approprier. Il y a plusieurs temps et plusieurs lieux d’interventions à partir des premiers jours de juin jusqu’aux derniers de juillet. Cette occupation s’articule autour de différents évènements culturels municipaux comme le FIJ (Festival d’initiatives jeunesse), la fête de la musique, le festival de jazz Charlie Free et le festival Cosmopolizen.

Si le projet est commun, des rôles principaux sont distribués :
Les Saprophytes travaillent sur les hauteurs du centre urbain et sur leurs utopies.
Les Exyzt réhabilitent une ancienne fontaine en oasis de fraicheur au milieu du parc Saint-Exupéry.
Les Bellastocks préparent et organisent un festival avec 180 étudiants pour construire des pièces de mobiliers dans le quartier des Pins, attenant au centre urbain.
Nous travaillons avec l’aide du Collectif Parenthèse sur la construction d’un manège à l’intersection de la gare routière et du centre urbain.

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LA PLATEFORME COLLECTIVE – du 10 au 16 juin 2013
Le 9 juin le centre urbain accueille le Festival d’Initiative Jeunesse (FIJ) qui organise plusieurs activités culturelles et sportives pour la jeunesse de Vitrolles. Les Saprophytes et Gonzague Lacombe participent à la scénographie de cet évènement en mettant en oeuvre une centaine de chaises mobiles ainsi qu’un grand tapis peint sur le sol de la place de Provence, au coeur du centre urbain. C’est là que les quatre collectifs se retrouvent le 10 juin, pour tenter de transformer et d’activer le centre. La première semaine, on organise la plateforme collective, véritable lieu de vie et de logistique prévu pour fonctionner pendant tout l’été du made in vitrolles. Cette plateforme se décompose en plusieurs éléments :

LES HOBBIES DE MYLÈNE
C’est un local commercial à l’abandon sous les arcades. Grâce aux négociations menées par l’équipe Vitrolles Échangeur, nous obtenons les clés du local, ce qui nous permet d’accueillir d’abord nos outils, nos bureaux et enfin du public. C’est une vitrine du projet sur la place. C’est aussi un lieu de travail de l’équipe chargée de production de Vitrolles Échangeur (Ludmilla Briançon et Charlotte Rodier) ainsi que de Perrine Boissier dans le cadre du Syndicat d’Initiatives Citoyennes.

Collectif Etc

LE LOCAL NELSON MANDELA
A côté des Hobbies de Mylène, c’est un ancien lieu culturel et associatif lui aussi abandonné. La grande salle du bas est accessible et devient notre local technique, indispensable pour le stockage du matériel et des outils des quatre équipes.

Collectif Etc

LA TABLE DE BANQUET
Vitrolles phagocytée par sa zone industrielle est malgré tout une zone de production importante à l’échelle des Bouches-du-Rhône. Ainsi beaucoup de matériaux dont nous avons besoin sont disponibles juste à côté, à des prix intéressants. Par exemple nous réalisons cette grande table de 40m de long à l’aide de vieux madriers en pin peu entretenus dont une scierie du coin voulait se séparer. La table prend appui sur un des bacs planté en béton, devenant le lieu de convivialité accessible à tous, où nous mangeons midi et soir. Elle est aussi le support d’activités programmées par l’équipe de Vitrolles Échangeur et des associations vitrollaises.

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LA CUISINE MOBILE
Un évier, un barbecue, des brûleurs, un plan de travail, le tout sur roulettes. Elle est réalisée à partir de matériaux et d’équipements récupérés entre autre sur le chantier de démolition à côté, au quartier des Pins. C’est là que nous découpons les légumes frais récupérés sur le marché hebdomadaire, faisons griller la viande du boucher de la place, et lavons la cinquantaine de couverts quotidiens. Quelques cuisiniers et cuisinières de Vitrolles, amateurs ou professionnels, y inventent leurs meilleurs plats !

Collectif Etc
Collectif Etc

LA CHAISE GÉANTE
C’est un totem voulant symboliser la nouvelle place. Sous l’assise-pergola, les quatre pieds délimitent un atelier de fabrication de chaises. Ainsi pendant les après-midis du mois de juin, des membres de chaque collectif se relaient pour accompagner les passants à construire leurs chaises selon un modèle préparé à l’avance. Cet espace à l’ombre, entouré de ses établis et adossé à un jeune arbre permettra peut-être d’autres appropriations, comme un stand du marché ou un lieu d’exposition.

Collectif Etc
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LE TAPIS
Peint par Gonzague Lacombe et les Saprophytes la semaine d’avant, il définit un centre coloré sur la place, liant les différents éléments de la plateforme collective.

Collectif Etc
Collectif Etc

LES 4 INTERVENTIONS DU MADE IN VITROLLES
Après la mise en place de cette plateforme collective, les quatre collectifs se séparent dans leurs différentes zones de projet : Bellastock prépare l’arrivée de 100 tonnes de grès et 180 étudiants dans le quartier des Pins, Exyzt créent une oasis dans le Parc Saint-Exupéry, Les Saprophytes explorent les hauteurs du centre urbain et nous tentons de faire tourner un manège à la gare routière. Ces interventions sont dispersées mais restent liées autour de la place de Provence et de la plateforme collective. Cette deuxième phase vise à montrer la diversité des appropriations possibles et à rendre lisible la continuité spatiale qui existe entre les espaces publics du centre urbain et ses alentours.

L’OASIS // EXYZT
Dans le parc Saint Exupéry, au-dessus d’une fontaine publique abandonnée, Exyzt en construit une autre sur laquelle on peut venir se rafraichir ou prendre un bain.

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Collectif Etc

LA VILLE DES PLATEAUX // LES SAPROPHYTES
Les Saprophytes réalisent des courts métrages avec des vitrollais, à partir d’installations dans le centre urbain, et en imaginant le développement de la ville en hauteur. Quels usages pourrait-on imaginer au-dessus des dalles de béton, au-dessus des arcades de la place ou entre deux tours d’habitations ?

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LE FESTIVAL MADE IN VITROLLES // BELLASTOCK
Dans le quartier des Pins qui jouxte le centre urbain, Bellastock encadre fin juillet des équipes d’étudiants qui logent dans le gymnase du collège et fabriquent des mobiliers pérennes à partir de matériaux récupérés.

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LE MANEGE // COLLECTIF ETC
Quand au Collectif Etc, avec l’aide énorme du Collectif Parenthèse, on se concentre sur le site du rond point de la pierre plantée, à côté de la gare routière que nous connaissons déjà bien. C’est une zone de passage importante, notamment depuis l’implantation récente du bâtiment de cette gare de bus qui réduit considérablement l’accès à la place de Provence et aux espaces piétons du centre ville. En plus du ballet incessant des bus et des taxis, les établissements scolaires à proximité drainent beaucoup de jeunes, les parkings attenants brassent un grand nombre de voitures, et le marché s’y installant deux fois par semaine attire du monde mais aussi du stockage important de matériel. L’espace est intéressant car il y a du mouvement en permanence et plusieurs activités se croisent, mais il est pauvre car son aménagement et ses usages subissent plus ces différents flux qu’ils n’en profitent. L’aménagement urbain est une collection de dispositifs routiers et le piéton n’a pas sa place.
Dans l’objectif de changer le visage du centre urbain et d’y attirer du monde, il est important de traiter les abords du rond point de la pierre plantée, véritable entrée de vers le centre ville. On souhaite à la fois marquer cette entrée et en même temps créer un espace particulier et chaleureux au milieu des flux de circulation incessants.
C’est pourquoi nous avons mis en œuvre un manège sur un espace disponible adossé à la façade nord de la gare routière. Il insiste sur le lien entre la pierre plantée et la place de Provence. C’est aussi un espace ludique, ombragé et confortable pour attendre le bus. C’est un lieu préservé, pour observer les mouvements alentours ou pour rencontrer les autres.

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LE PLANCHER PRINCIPAL ET LA CHARPENTE
Nous faisons vérifier le dimensionnement par le bureau d’étude Actbois, qui nous est d’un grand conseil, notamment pour certains détails d’assemblage. La charpente et le plancher sont en bois douglas acheminé depuis une scierie de la Drôme (le bois est rare dans les Bouches-du-Rhône…), et les poteaux sont en acier. Cet ensemble est fixe, un plateau tournant supplémentaire venant ensuite se poser par-dessus.
Les différentes pièces sont découpées et fixées sur la place de Provence autour de la plateforme collective. On les transporte ensuite à pied sur 80 mètres jusqu’à la gare routière pour assembler le tout.
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LE PLANCHER TOURNANT
Le plancher tournant est conçu de la même façon. Il repose sur le plancher fixe en son centre à l’aide d’une pièce fabriquée sur mesure intégrant un roulement récupéré sur un ancien échafaudage. Il s’appuie également sur 40 roulettes fixées à l’envers sur le plancher fixe.
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L’INTÉRIEUR DU MANÈGE
Le manège est un dispositif ludique mais nous voulons insister sur son intérêt urbain. Il articule différents espaces, à proximité les uns des autres mais qui se tournent le dos : la gare routière, le rond point de la pierre plantée, le parking du centre commercial investi fréquemment par le marché, l’arrêt taxi, l’entrée de la place de Provence avec ses commerces de proximité. Et depuis l’intérieur du manège, il y a des percées visuelles assez lointaines vers la falaise boisée au nord et vers la zone industrielle au sud. Balayé par les flux métropolitains des bus, des taxis, des voitures, de la foule et du soleil, le manège tourne lui aussi mais au rythme que vous voulez bien lui donner.

C’est le lien entre ces différentes ambiances urbaines que nous avons voulu mettre en valeur dans l’aménagement intérieur du manège. Ainsi sont symbolisées quatre de ces ambiances : le vieux village, le centre ville, la plage des Marettes et la gare routière. Chacune correspond à une couleur et à un type d’assise sur le plateau du manège. Par exemple dans l’espace « centre ville », on s’assoit sur un banc public bien droit mais dans l’espace « gare routière » on est dans un fauteuil de bus. Mais attention, le plateau tourne, donc on peut très facilement se retrouver dans un bus, allongé dans un transat…

Pour chaque modèle de mobilier, un atelier de fabrication en série est mis en place. Ainsi pendant les derniers jours, les passants peuvent construire et emmener chez eux une chaise du vieux village, un banc du centre ville, un transat de la plage des Marrettes ou un fauteuil de bus.

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Vous pouvez télécharger le modèle 3D du manège et de ses meubles, en fichier Sketchup ici.
Vous pouvez également télécharger les notices de montage des mobiliers ici.

REMERCIEMENTS
Ludmila Briançon, Charlotte Rodier, Eliska Ernoult, Perrine Boissier, Emmanuel Vergès, Kristine Thiemann, EXYZT, Les Saprophytes, Bellastock, Géraldine Garnier, Loïc Gachon, Emmanuel Carini, Géraldine Garnier, la ville de Vitrolles et ses services, les habitants, passants et commerçants du centre urbain. Et au collectif Parenthèse !

En hommage à Gabi Farage.

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