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« L’action urbaine directe pour repenser la démocratie »

By 21 octobre 2013mars 25th, 2014point de vue

Article écrit par le Collectif Etc en février 2013 dans le cadre d’un colloque intitulé : Public Identity and Common Space, organisé à Rome en juin dernier par le groupe de recherche LUS – Living Urban Scape. Cette rencontre a donné lieu à un ouvrage :  « Città pubblica / Paesaggi comuni », sous la direction de Anna Lambertini, Maria Livia Olivetti et Annalisa Metta, aux éditions Gangemi.
La question qui nous était posée concernait le rôle des actions que nous pouvons mener, et ce qu’elle peuvent générer en termes de rapport entre les gens.

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L’action urbaine directe pour repenser la démocratie.

Le schéma habituel de la fabrique de la ville est d’abord le fruit d’échanges entre le politique et l’expert. Le citoyen, dont on peut se demander s’il existe « par essence ou par construction »1 semble la plupart du temps exclu des processus de projet. Au mieux, il est positionné à des moments bien établis par les procédures qui encadrent sa participation, comme les concertations préalables ou les enquêtes publiques.
Nous nous proposons ici de voir comment les actions menées par un groupe d’experts, le Collectif Etc, posent la question d’un repositionnement des rôles de chacune de ces entités par la construction ouverte et inclusive d’espaces publics de proximités.

Trois entités cloisonnées en demande de porosités.
Citoyens, politiques et experts de l’aménagement : motivés pour des raisons qui leurs sont propres, nous pouvons observer depuis quelques années la mise en œuvre de démarches montrant un désir d’augmentation des porosités entre chacune de ces entités.
Pour les habitants, une volonté de plus en plus forte de se réapproprier leurs rues et leurs quartiers semble apparaitre. Désireux de retrouver autour d’eux des espaces qui leurs sont propres et qui soient à leur image, ils deviennent de plus en plus des acteurs de leur ville et tentent de recréer du lien social en retrouvant une vie de proximité. En témoigne la multiplication des mouvements émanant de la société civile telles que les actions de guérillas jardinières, ou encore la montée en puissance du monde associatif que Pierre Rosanvallon décrit dans son ouvrage sur la « contre-démocratie »2. Ces volontés populaires paraissent exprimer une défiance vis à vis du pouvoir politique et du mode de gouvernance actuels basés sur ce que Jodelle Zetlaoui-Léger appelle la « culture de la délégation »3, ressentie depuis une dizaine d’années et exprimée par l’abstentionnisme prédominant lors d’élections de tous niveaux.
Pour les politiques, on suppose que se renforce le souhait de répondre au mieux aux attentes de leurs concitoyens en instaurant une gouvernance partagée, qui légitimerait d’avantage leur position. Ils y entrevoient aussi la possibilité de mettre en œuvre des modifications rapides des paysages de leur ville qui correspondent au temps court de leur mandature. Les diverses dispositions législatives prises ces dernières années témoignent de leur mobilisation, la loi Solidarité et Renouvellement Urbain votée en 2000 en étant l’illustration majeure.
Pour les experts, nous constatons chez certains d’entre eux une envie d’inclure au mieux leurs concitoyens dans les processus de projet, en répondant au plus juste à leurs attentes et en se plaçant à leur service. Convaincus que « l’architecture est l’affaire de tous»4, ils mettent en œuvre des projets impliquant des habitants de plus en plus en amont des réalisations, par exemple dès les premières phases de définition des cahiers des charges.

Des experts engagés
La décennie suivant mai-68 a vu fleurir chez les architectes une conscience politique quant à leur activité professionnelle, s’associant pour nombre d’entre eux aux mouvements de luttes urbaines apparus à cette même période. Reniant l’idée que « la construction de la ville soit le fait du prince »5, certains s’engagèrent dans des mouvements sociaux aux côtés des habitants. Ainsi, comme le souligne l’éditorial non signé du premier numéro de la revue Place, des architectes « luttent pour le développement de la créativité populaire collective et de l’appropriation populaire de l’espace, pièce du pouvoir politique »6.
Après quelques années pendant lesquelles le discours politique de la majorité des architectes retombe dans le silence, de nouveaux groupes d’experts semblent à leur tour vouloir bouleverser les codes établis dans la manière de penser la fabrique de la ville. Apparus il y a une dizaine d’années pour les plus anciens, regroupés sous forme d’associations, de coopératives, ou simplement de collectifs, des architectes souvent accompagnés de graphistes, de sociologues, d’urbanistes ou d’artistes, tentent de replacer l’usager-habitant au cœur de leurs projets. Les outils qu’ils développent s’ancrent dans des logiques de territoire complexes et transversales. Par leur production architecturale, ils questionnent non seulement les processus de projets, mais redéfinissent en même temps un système de valeurs dont ils sont porteurs et qu’ils tentent de mettre en application dans leurs manières de travailler, dans leur fonctionnement, et dans leurs projets. Le rôle de l’architecte dans la société s’en trouve bousculé comme l’avait annoncé bien avant eux Yona Friedman : ils cherchent non pas la participation des habitants, mais « cherchent plutôt si la  » participation de l’architecte  » peut être utile quelque part. »7. Souhaitant renverser les tendances décisionnelles en passant du «top-down» au «bottom-up», et guidés par une volonté de « faire ensemble, ici et maintenant» des espaces de partage à l’échelle de l’îlot ou du quartier, ces groupes transgressent les procédures et tentent « d’inventer de nouveaux espaces de démocratie »8, requestionnant par là même le système politique en place. Activistes, ils proposent par leurs interventions des pistes pour refondre la logique de gouvernance en vigueur, et tentent de redonner sa juste place au citoyen, celui de moteur d’une société. Il est notable d’observer ici le fait que ces groupes associent volontiers le qualificatif « constructeurs » à celui « d’architectes », traduisant ainsi la volonté de montrer ce « faire » qu’ils mettent en place.

Le Collectif Etc et le chantier ouvert.
Groupe apparu il y a seulement quelques années, dans la lignée de nombreux autres, et formé originellement par une dizaine d’étudiants en architecture, le Collectif Etc, dont nous sommes partie prenante, est une association nomade travaillant sur des territoires aux problématiques diverses.
L’objectif de départ n’était pas strictement défini, mise à part l’envie d’intervenir, ensemble, directement dans l’espace public. Dans un premier temps pour y souligner ses singularités, par des interventions artistiques, puis rapidement pour tenter de lui redonner l’essence même de son existence : celui de la rencontre de l’autre et du débat. Saisissant petit à petit les outils qu’ils ont appris à maîtriser au fil de leurs enseignements, ces architectes se sont mis à questionner les liens entre dynamiques sociales et aménagement d’espaces publics par le biais d’installations ouvertes et inclusives. Ce groupe s’est d’ailleurs rapidement élargi à d’autres disciplines issues du graphismes ou de l’urbanisme, que ce soit en intégrant des membres dans le groupe, ou sous la forme de collaborations ponctuelles sur des projets donnés.
L’un des outils -ne devrait-on pas parler de tactiques ? – développé par le Collectif Etc pour intervenir dans l’espace public est celui du chantier ouvert, qui englobe un certain nombre d’idées, et dont deux exemples serviront de cas d’études dans la suite de ce propos.
Le principe général, d’un point de vue organisationnel, est que ce groupe vient occuper un terrain public, de façon légale ou non, de quelques jours à quelques semaines, pour y construire des aménagements qui pourront rester en place quelques mois ou quelques années. Deux axes sont défendus par le Collectif Etc pour un chantier ouvert. Le premier consiste en la mise en place d’ateliers créatifs, qu’ils soient par exemple de menuiserie, de jardinage ou de graphisme, toute la journée et dans un espace défini où quiconque souhaite participer est le bienvenu. Ces ateliers aboutissent à la construction d’un lieu valorisant des usages existants, ou en proposant de nouveaux. Le deuxième axe du chantier ouvert correspond à l’organisation d’événements créant les conditions d’émergence d’une situation conviviale. L’idée est de créer des moments d’échanges ouverts à tous, qu’il s’agisse de concerts, de repas partagés ou de débats publics.
Nous proposons ici deux cas de chantiers ouverts mettant en œuvre ces principes, mais dont les dynamiques initiales sont sensiblement différentes. Ils éclairent de manière empirique la question du repositionnement des trois entités : habitants-citoyens, experts, élus politiques, les unes par rapport aux autres

Le projet Café sur place, de la dynamique sociale à un espace co-construit.
Le premier exemple est un chantier de deux semaines mené à Bordeaux en mars 2012. D’origine populaire, le quartier St Jean – Belcier a été le témoin – ou le support -, de la formation d’une association d’habitants, les Yakafaucon, mobilisée autour de l’amélioration de leur cadre de vie. Après quelques actions de fleurissement des rues, et à l’occasion de l’ouverture programmée d’un café associatif, les Yakafaucon se sont posés la question du devenir d’une place de quartier abandonné. Ils ont alors fait appel au Collectif Etc pour les aider à spatialiser leurs désirs d’évolution. Le Collectif Etc a proposé, après plusieurs moments de discussion, la réalisation d’une structure en bois flexible et évolutive. Les différents modules, en partie déplaçables et construits lors d’un chantier ouvert auquel a été associée une partie des habitants du quartier peuvent alors être vus comme des outils de questionnement du lieu et de ses usages. De multiples configurations possibles ont ainsi été testées in situ, pour des durées plus ou moins longues, soumettant concrètement cet espace au débat public permanent. Le fait que ces interrogations soient portées par une association, les Yakafaucon, d’ores et déjà identifiée par les pouvoirs publics a confirmé l’importance du devenir de cet espace et le rôle d’interlocuteur privilégié de l’association.
Malgré les limites de la légitimité d’une telle association et de sa représentativité dans le quartier, on peut voir ici qu’une dynamique dotée d’outils et de compétences adaptés peut être moteur de projets d’aménagement et de gestion d’un espace public de proximité. Les responsables politiques, sans être aux origines du projet, mais qui ont su laisser faire, ont par la suite récompensé cette démarche9 et peuvent aujourd’hui s’emparer des propositions faites pour les prolonger, ré-interrogeant par là-même leur rôle au sein des dispositifs d’aménagement urbain.

Le projet Détournez, construction d’un espace pour mettre en mouvement des populations.
Le second projet a un point de départ tout autre. À l’occasion d’un festival d’arts urbains, organisé par l’association « Démocratie Créative » à Strasbourg en septembre 2011, le Collectif Etc, en collaboration avec Coloco, a proposé de travailler sur un délaissé urbain situé dans le quartier de la Gare.
Ici, la construction réalisée avait pour objectif de mettre en valeur les potentiels d’un espace municipal laissé à l’abandon par la réalisation d’une structure regroupant différents usages possibles du lieu en fonction du public environnant. Ainsi un punching-ball et une balançoire pour les jeunes du terrain de foot, une cabane de jardinage pour le jardin partagé et un barbecue pour les artistes travaillant dans un local attenant, le tout groupé sur un même lieu. La démarche de chantier ouvert mise en place ici a eu notamment pour objectif de faciliter l’appropriation du projet par ces populations, et de leur offrir un temps de croisement différent que ceux qu’ils pouvaient entretenir, rendu possible par notre neutralité effective.
L’invitation d’élus du quartier le jour de l’inauguration a permis d’expliquer la démarche et les intentions du projet. Presque deux ans plus tard, la structure est toujours en place. Mieux, l’Ateliers Urbain10 de la ville de Strasbourg a invité le Collectif Etc a ré-intervenir pour y permettre d’y apporter un nouveau regard, donnant les moyens d’améliorer les usages du lieu. La ville donne ainsi une légitimité tacite à cette réalisation « dé-normée ». Elle valide une intention sur un terrain actuellement hors de toute idée initiale de projet, du fait notamment de la mobilisation habitante ayant eu lieu lors du chantier ouvert et de ses suites.

Ces deux cas de figure requestionnent les rôles de chacune des trois entités, habitants-citoyens, experts et élus. Ainsi à Bordeaux, une mobilisation habitante qui fait appel à un « architecte-conseil »11 pour spatialiser des intentions vécues ; à Strasbourg, des experts de l’aménagement qui interviennent spontanément sur l’espace public, en y mobilisant des habitants et usagers qui s’emparent du projet pour le ré-interroger. Dans ces deux situations, les élus, par leur laissez-faire indulgent, se sont emparés par la suite des projets réalisés, pour donner des moyens de pérenniser les actions, glissant peut-être d’un rôle de commanditaire à accompagnateur, de maitrise d’ouvrage à celui d’assistance à maitrise d’ouvrage, et posant à leur tour la question des rôles de chacun en matière d’amélioration du cadre de vie, et de démocratie dans une plus large mesure. Christopher Alexander ne préconisait-il pas déjà en 1977 de « rendre aux gens le pouvoir de décisions dont ils ont été dépossédés, en élaborant un langage architectural qui puisse faciliter le dialogue entre réalisateurs et usager »12 ?

1CARREL M., ION J., NEVEU C., RENARD V.,AUBERTEL P., ROUSIER N., La citoyenneté urbaine, forme d’engagement et enjeux de solidarité., Éditions du PUCA, 2007
2ROSANVALLON P., La contre-démocratie. La politique à l’âge de la défiance, Édition du Seuil, Paris, 2006
3ZETLAOUI-LÉGER J., L’implication des habitants dans des micro-projets urbains : enjeux politiques et propositions pratiques. Les Cahiers de l’école d’architecture de la Cambre, Bruxelles, 2005
4BOUCHAIN P., Construire autrement : comment faire?, Éditions Actes Sud, collection « l’Impensé », Paris, 2006
5RAGON M., L’Architecture, le Prince et la Démocratie, Éditions Albin Michel, Paris, 1977
6Revue PLACE, Peuple, Espace, Pouvoir, n°1, Éditions Solin, Paris, 1975
7FRIEDMAN Y., L’architecture de survie., Éditions l’Éclat, Paris, 2003.
8NORYNBERG P., Faire la ville autrement., Éditions Yves Michel, Gap, 2001.
9L’association Yakafaucon a été lauréate du Prix Agora 2012, Ville de Bordeaux : «  L’objectif (de ce prix) est de récompenser des associations qui, par leur présence et leur activité ont réussi à avoir impact positif sur un espace de Bordeaux à grande ou petite échelle »
10Ville de Strasbourg – Atelier Urbain. « Donner de la voix pour mettre la ville en débat »
11RAGON M. ibid
12ALEXANDER C., ISHIKAWA S., SILVERSTEIN M., A pattern language, town, buildings, constructions, Oxford University Press, 1977

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Urban direct action to re-think democracy.

The usual way of the fabric of the city is primarily the result of interaction between the policy makers and the experts. In France, Citizens seem most of the time excluded from project processes. At best, they stand at few specific moments as the preliminary consultations and public inquiries, and their involvement is framed by heavy legal procedures.
Here we propose to see how the actions of a group of experts, the Collective Etc., ask the question of a repositioning of the roles of these three entities – citizens, urban expert and policy makers – by implementing open and inclusive public spaces.

The 3 entities in demand of porosities.
Citizens, policy makers and urban experts : all of them are motivated for their own reasons, we have been observing in recent years the development of approaches demonstrating a wish to increase porosity between each of these entities.
For the community, strong commitments to reclaim their streets and neighbourhoods seem to appear. Eager to find spaces around that resemble them, they get increasingly involved in their town and attempt to recreate a strong and local social life. This is highlighted by the proliferation of movements from the civil society, such as the actions of garden guerrillas or the rise of all kinds of local and nonprofit organisations.
For the policy makers, creating a shared governance can re-enforce their capability to answer social demands while they can legitimise their position. They also see the opportunity of implementing quick changes in their city landscapes that match with the short time of their term of office. The various legislative measures taken in recent years reflect their mobilisation.
For the experts, some of them express a desire to better respond to their fellow citizens by opening the project processes, dedicating them their time. Convinced that « architecture is everyone’s business, » they try to design projects involving people as early as possible in the process.

Engaged Experts.
The decade following May-68 was a time where was flourishing among architects, a political awareness about their practice. Engaging themselves into different urban and social movements, denying the idea that « the making of the cities belongs to the Prince », they struggled for the development of a popular and collective creativity. But after a few years, this political discourse fell into silence for the majority of architects.
However, a new panel of architects has appeared since the last few years, working on turning out the established codes of thinking about urban fabric. They try to put back the user into the core of their projects. The tools they develop are rooted in the logic of complexity and cross connexions. By their architectural production, they redefine a system of social values. The role of the architect in the society is thereby moving and shifting : he does not seek the participation of the communities, but looks if the participation of the architect may be useful somewhere. Wishing to reverse decision trends from « top-down » to « bottom-up » and lead by a desire to « build together, here and now » shared spaces, these groups transgress traditional procedures and try to invent new democratic spaces. Activists, their actions propose to redesign the current governance it is significant to note here that these groups readily associate the term « builders » or “activators” to « architects », reflecting the desire to show that « do” they are implementing.

The Collective Etc and the open workshop.
The Collective was created only a few years ago, like many others, and was originally formed by a dozen of architecture students. It is a nomadic organisation working on various territorial issues.
The initial objective was not strictly defined, apart from the desire to have a hand together and directly in the public space. First, to highlight the singularities of the public space, through artistic interventions, then trying to restore the essence of its existence: meet each other and debate. Gradually using the tools they have learned to master over their studies, these architects have begun to question the links between social dynamics and development of public spaces through open and inclusive workshops. This group has also rapidly opened itself to other disciplines like graphic design or town planning, either by integrating members in the group, or by ad hoc collaborations on specific projects.
Two examples of tactics developed by this group will serve as case studies later in this paper. The general principle from an organisational point of view, is that this group comes to occupy public land, legally or not, from few days to few weeks, to build the facilities that will remain for a few months or years. Two axes are made up by the Collective Etc : the first one is the implementation of creative workshops like carpentry, gardening and graphic design, all day long and in a defined space where anyone who wants to participate is welcome. These workshops lead to the construction of a place, valuing existing uses or suggesting new ones. The second axis is to open the site for events creating the conditions for the emergence of a friendly atmosphere. The idea is to create moments of exchange open to all, whether concerts, shared meals or public debate.
The two study cases proposed here of open projects are significantly different and they will illuminate empirically the question of the repositioning of the 3 entities (community-citizens, experts, policy-makers) in relation with each other.

“Café on site”, from existing social dynamics to a co-built space.
The first example is a two-week project led in Bordeaux in March 2012. The neighbourhood St Jean-Belcier witnessed the formation of a community association, Yakafaucon, mobilised around the improvement of its living environment. After some flowering streets actions, Yakafaucon has raised the question of the becoming of an abandoned square located in the neighbourhood. They called upon the Collective Et.c to help them to spatialise their desire of change. The Collective Etc suggested, after several times of discussion, to produce a flexible and scalable structure. The different parts of this structure have been built as an open site where part of the neighbourhood has been involved. It is movable so it can be seen as a tool for questioning the place and its uses. Multiple configurations have been tested in situ for shorter or longer periods, subjecting this space to an ongoing public debate. The fact that these questions were brought by an association, the Yakafaucon, already identified by the local government confirmed the importance of the future of this area and the role of interlocutor the association can play.
Despite the limits of the legitimacy of such an association and its representation in the neighbourhood, we can see here that a social dynamic with adapted tools and skills can be developed to think and manage local public spaces. Policy makers, without being at the origins of the project, have later rewarded this approach and can now seize the proposals to extend them, re-examining thereby their role within urban planning processes.

“Divert”, construction of a space to keep moving populations.
The second project has a different starting point. On the occasion of an urban arts festival, organised by the association Creative Democracy in Strasbourg in September 2011, the Collective Etc suggested to work on a vacant plot in the train station area.
To highlight the potential of this abandoned space, they built a structure involving different potential uses of the site depending on the type of users: A punching bag and a swing for the youth playing around, a shed for gardening and a barbecue for artists working nearby: all of this on the same structure. The process of open site set up here has been especially designed to facilitate the feeling of ownership of the project by the people, and offer them a different time than they might have had, made possible by the effective neutrality of the Collective.
Inviting local elected officials the day of the inauguration has helped explaining the process and the intentions of the project. Almost two years later, the structure is still there. Even better, a municipal organisation of the City of Strasbourg called back the Collective Etc to react and allow them to bring a new look at it, to improve the use of the place. Therefore, the City gave a tacit legitimacy to this realisation « de-normalised ». It validates an intention mainly because of the community mobilisation that took place during the open site workshop and its aftermath.

These two cases challenge the roles of each of the three entities, communities-citizens, experts and elected officials-policy makers. In Bordeaux, a community mobilisation using a « consulting-architect » to spatialise experienced intentions ; in Strasbourg, experts involved in the development of spontaneous public space, are mobilising residents and users who take over the project to re-examine it. In both situations, elected officials and policy makers, by indulgently giving up control, afterwards seized the projects, to provide means to sustain the action, shifting perhaps from leadership to sponsorship. This turns the issue of roles in improving the living environment, and democracy in a greater extent. Did Christopher Alexander not advocate in 1977 « giving back to people the power of taking they have been dispossessed by developing an architectural language that can facilitate dialogue between producers and users”?

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Il tessuto consolidato della città è fondamentalmente il risultato dell’interazione tra responsabili politici e tecnici del settore. In Francia, i cittadini il più delle volte sono esclusi dal processo progettuale e, nella migliore delle ipotesi, sono coinvolti in alcuni momenti specifici come durante le consultazioni preliminari o le indagini pubbliche e il loro coinvolgimento è sottoposto a oberanti procedure legali.
Questo scritto si propone di analizzare come le azioni di un gruppo di esperti, Il Collectif Etc., abbiano creato nuovi modi di relazione fra tre figure chiave – comunità di cittadini, urbanisti e politici – tramite la realizzazione di spazi pubblici aperti e inclusivi.

I tre soggetti, modelli di relazione
Le comunità di cittadini, i politici e gli urbanisti: tutti sono motivati dalle proprie ragioni e abbiamo osservato in questi ultimi anni la crescente domanda di relazione tra ciascuno di questi attori coinvolti nel processo urbano.
Nei cittadini sta nascendo un forte desiderio di rivendicare le proprie strade e i propri quartieri. t sempre maggiore la volontà di trovare spazi che li rappresentino e vengono sempre più coinvolti nelle città, per tentare di creare una rete sociale forte. Tutto ciò è evidenziato dal proliferare di movimenti nella società civile, come ad esempio le azioni di « guerrilla gardening » o come l’aumento delle organizzazioni locali no-profit.
Per i politici, la creazione di una governance condivisa rappresenta una doppia opportunità, da un lato per potenziare la capacità di rispondere alle esigenze sociali, dall’altra per legittimare il loro ruolo. Inoltre questo rende possibile attuare cambiamenti rapidi nei paesaggi urbani in un arco temporale corrispondente al loro mandato e le varie misure legislative adottate negli ultimi anni rispecchiano questo tipo di approccio.
Per gli urbanisti infine, è auspicabile « allargare » il processo progettuale, in modo da fornire risposte migliori alle richieste dei loro concittadini e dedicare loro il tempo necessario. Convinti che » l’architettura riguarda tutti » , cercano di realizzare dei progetti che coinvolgano le persone già dalle prime fasi del dibattito.

Esperti coinvolti
Il decennio successivo il maggio 1968 fu un periodo nel quale negli architetti fiorirono delle consapevolezze politiche riguardanti il loro operato. S’impegnarono in diversi movimenti urbani e sociali, negando l’idea che » la realizzazione delle città appartiene al Principe » e lottarono per lo sviluppo di una creatività popolare e collettiva. Tuttavia dopo pochi anni, questo discorso politico fu messo da parte da molti di loro.
Si era però fatto strada un nuovo gruppo di architetti, che si occuparono di ripensare i codici prestabiliti riguardanti i metodi di considerare il tessuto urbano. Cercarono di riportare l’utente all’interno del » cuore » dei loro progetti, gli strumenti che svilupparono erano radicati nella logica della complessità e delle relazioni trasversali. Attraverso la loro produzione architettonica, ridefinirono un sistema di valori sociali. Per loro il ruolo dell’architetto nella società è « movimento » e « spostamento »: non cercano la partecipazione delle comunità, ma desiderano capire se la partecipazione dell’architetto può essere utile da qualche parte. Nell’ottica di invertire le tendenze decisionali « dall’alto al basso » in « dal basso all’alto » e di creare un desiderio di « costruire insieme, qui e ora » degli spazi condivisi, questi gruppi trasgrediscono le tradizionali procedure e cercano di inventare nuovi spazi democratici. Gli attivisti, tramite le loro azioni si propongono di ridisegnare l’attuale gestione della società. È importante segnalare che parlando di questa categoria di progettisti viene facilmente associato il termine di « costruttori » o « attuatori », parole che riflettono il desiderio di mostrare « il fare » delle loro azioni.

Il Collectif Etc. e il workshop aperto
Il Collectif Etc., come molti altri, è una realtà nata solo da pochi anni, originariamente composta da una dozzina di studenti di architettura. Si tratta di un’ organizzazione nomade che lavora su diverse questioni territoriali. L’obiettivo iniziale del gruppo non è stato strettamente definito, tranne che per il desiderio di affrontare insieme e direttamente il tema dello spazio pubblico. Prima di tutto per evidenziare le singolarità dello spazio pubblico attraverso interventi artistici, e poi per cercare di ripristinare l’essenza della propria esistenza: incontrarsi e discutere. A poco a poco, grazie agli strumenti acquisiti attraverso gli studi, questo gruppo di architetti ha iniziato a mettere in discussione i legami tra le dinamiche e lo sviluppo degli spazi pubblici attraverso workshop sociali aperti e inclusivi. Il collettivo si è aperto rapidamente anche ad altre discipline come la progettazione grafica o urbanistica, integrando altri membri, o promuovendo collaborazioni esterne ad-hoc su progetti specifici.
Di seguito sono descritti due casi-studio che rappresentano due differenti metodologie di lavoro sviluppate dal collettivo. Il principio generale, da un punto di vista organizzativo, è che questo gruppo occupa il suolo pubblico, legalmente o meno, con interventi che vanno da pochi giorni a qualche settimana, per costruire delle strutture che vi rimarranno per alcuni mesi o anni. Gli obiettivi prevalenti perseguiti dal Collectif Etc. sono due. Il primo è la realizzazione di laboratori creativi e la promoziooe..di attività di falegnameria, giardinaggio e progettazione grafica, azioni che si svolgono per tutto il giorno in uno spazio definito, dove chiunque voglia partecipare è il benvenuto. Questi workshop portano alla costruzione di un luogo, valorizzandone gli usi esistenti o proponendone dei nuovi. Il secondo obiettivo è quello di aprirsi a eventi capaci di creare le condizioni per la nascita di un ambiente accogliente. L’idea è di creare momenti di scambio aperti a tutti, concerti, pranzi condivisi o dibattiti pubblici.
I due casi-studio di progetti aperti presentati sono significativamente diversi tra loro e si propongono empiricamente di affrontare la questione dei mutui rapporti fra tre soggetti e nuovi tipi di relazione (comunità di cittadini, urbanisti, politici).

« Café on site », dalle dinamiche sociali esistenti a uno spazio co-costruito
Il primo esempio è un intervento durato due settimane a Bordeaux nel marzo 2012. Il quartiere di st Jean-Belcier, insieme ali’ associazione comunitaria Yakafaucon, si è mobilitato per il miglioramento dell’habitat di vita locale. Dopo alcune azioni di « flowering streets  » , Yakafaucon ha sollevato la questione riguardante il futuro di una piazza abbandonata situata nel quartiere ed ha invitato il Collectif Etc. ad aiutarli nel concretizzare i desideri di cambiamento espressi dagli abitanti. Il Collectif Etc. ha suggerito, dopo diverse fasi di discussione, di produrre una struttura flessibile e scalabile. Le diverse parti di questa struttura sono state pensate per definire un luogo aperto e una parte del quartiere è stata coinvolta nella realizzazione. Inoltre l’idea di progetto è stata pensata come una struttura mobile, che potesse essere usata come uno strumento per indagare il luogo e i suoi usi. Sono state testate configurazioni multiple in situ per periodi più o meno lunghi, esplorando le diverse opinioni della comunità nell’ambito di dibattiti pubblici aperti. Il fatto che questa richiesta di miglioramento dello spazio urbano sia stata fatta dali’ associazione Yakafaucon e che l’area fosse già stata individuata anche dall’amministrazione locale, conferma l’importanza del ruolo d’interlocutore che le associazioni potranno avere in questi processi anche in futuro.
Nonostante i limiti della legittimità che un’ associazione e la sua rappresentanza nel quartiere può avere, possiamo osservare come una dinamica sociale con strumenti e competenze adeguate, può essere in grado di pensare e gestire spazi pubblici locali. I responsabili politici, senza essere coinvolti nelle fasi iniziali del progetto, hanno premiato questo tipo di approccio e possono ora riutilizzarlo anche in altre aree, ripensando in tal modo il loro ruolo all’interno dei processi di pianificazione urbana.

« Svago », la costruzione di uno spazio per tenere la popolazione in movimento
Il secondo progetto ha un diverso punto di partenza. In occasione di un festival delle arti urbane, organizzato dali’ associazione Creative Democracy a Strasburgo nel settembre 2011, il Collectif Etc. ha suggerito di lavorare su un lotto libero nella zona della stazione ferroviaria.
Per evidenziare le potenzialità di questo spazio abbandonato, è stata costruita una struttura che consente diversi potenziali utilizzi del luogo a seconda delle tipologie di utenti. Un sacco da boxe, un’altalena per i più piccoli, un capannone per il giardinaggio e un barbecue per gli artisti che lavorano nelle vicinanze: tutto questo nella stessa struttura. Il processo qui è stato appositamente ideato per facilitare il senso di appartenenza al progetto da parte delle persone e offrire loro un momento diverso rispetto a quello che potrebbero aver avuto nello stesso luogo: il tutto è stato reso possibile dalla neutralità dell’intervento del collettivo.
Invitare rappresentanti dell’amministrazione pubblica locale il giorno dell’inaugurazione ha facilitato la spiegazione del processo e le intenzioni del progetto. Quasi due anni dopo, la struttura è ancora lì. ~organizzazione comunale della città di Strasburgo ha richiamato il Collectif Etc. consentendo al collettivo di riconfigurarla, per migliorarne l’uso. Pertanto, il Comune ha tacitamente legittimato questa realizzazione. Il risultato dell’iniziativa è stato apprezzato grazie soprattutto alla mobilitazione della comunità attivata durante il workshop aperto e nelle successive fasi.
In questi due casi i ruoli » classici » di ciascuno dei tre soggetti, cittadini, urbanisti e politici sono stati messi in discussione. A Bordeaux, attraverso una mobilitazione della comunità e la « consulenza dell’architetto » per mettere in pratica le idee degli abitanti; a Strasburgo, gli urbanisti coinvolti nello sviluppo di uno spazio pubblico spontaneo, hanno mobilitato i residenti e gli utenti in modo da coinvolgerli nel progetto sin dalle fasi iniziali. In entrambe le situazioni, funzionari eletti e responsabili politici, per indulgenza hanno rinunciato alla fase di controllo, per poi appoggiare i progetti, fornendo i mezzi per attuare le realizzazioni, spostando il loro ruolo dalla leadership alla sponsorizzazione. Questo muove l’attenzione sugli attori coinvolti nel processo per migliorare l’ambiente in cui si vive e ancor di più sul ruolo giocato dalla democrazia. Christopher Alexander non sosteneva già nel 1977: « occorre restituire alle persone il potere d’azione, dato che sono state deprivate della possibilità di sviluppare un linguaggio architettonico che può facilitare il dialogo tra produttori e utilizza tori  » ?