Le Collectif Etc est missionné par la ville de Reims, dans le cadre d’un Contrat Urbain de Cohésion Sociale, pour préfigurer et accompagner l’ouverture d’un nouvel équipement culturel dans le quartier Croix Rouge. Il sera doté d’une programmation hybride, entre salle de spectacle, maison de quartier et incubateur d’associations.

1/ UN NOUVEL ÉQUIPEMENT PUBLIC AU COEUR DU QUARTIER

Situé au Sud Ouest en périphérie de Reims, le quartier Croix Rouge fait l’objet d’une vaste opération de renouvellement urbain dans le cadre de laquelle il est prévu la réalisation d’un nouvel équipement à vocation à la fois culturelle et sociale. Ce bâtiment aura pour but de rassembler et de partager son contenu au plus grand nombre. Le projet lauréat a été sélectionné au printemps 2013 : c’est l’agence d’architecture Jean Philippe Thomas Architectes qui est en charge de la maitrise d’œuvre du bâtiment.

Le projet Croix Rouge, à ReiCependant, le temps du projet entre les premières études, le début de travaux (prévu pour mars 2014) et l’ouverture (prévue fin 2015), peut être source de décalage et d’incompréhension pour les habitants qui ne vivent pas au même rythme que les projets urbains et architecturaux. Comment tirer profit de ce temps de chantier pour préparer au mieux l’ouverture de cet équipement ?

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2/ PRÉFIGURER LE BÂTIMENT ET ACCOMPAGNER LE CHANTIER

Afin d’accompagner progressivement la construction de l’équipement jusqu’en 2015, nous avons proposé d’intervenir, de manière régulière, sous forme de chantiers ouverts d’une ou deux semaines, plusieurs fois par an, à partir du mois de juin 2013 et jusqu’à la livraison. Ces temps de chantier se définissent en fonction de l’avancement du chantier du bâtiment et des différentes phases du projet.

Chaque phase de chantier ouvert est précédée d’un temps de préparation d’une semaine dans le quartier pour concevoir l’intervention en partenariat avec les acteurs locaux. Elle est ensuite suivie d’une semaine de bilan et perspectives avec les partenaires pour analyser, capitaliser et préparer la phase suivante.

D’un chantier à l’autre, on pourra continuer à transformer l’espace, ajouter ou enlever des éléments, en fonction de l’évolution des usages. Ces chantiers seront aussi l’occasion de débats, de repas partagés et d’événements culturels, permettant de mettre en dialogue le plus ouvertement possible les utilisateurs de l’équipement autour de l’avancée du projet et des questions qu’il soulève.

L’objectif général du projet est de faire vivre dès aujourd’hui l’équipement, sans édifice construit mais avec son contenu programmatique et son réseau d’usagers. Il s’agira, par la répétition de ces temps forts de convivialité, de générer des dynamiques sociales sur le site, porteuse d’une meilleure appropriation, voire d’une participation créative des usagers au projet de l’équipement. L’espace public attenant sera réalisé en parallèle de l’équipement, le programme est resté ouvert à des possibles préconisations qui émergeraient de la phase de préfiguration.

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3/ LA PREMIÈRE PHASE : DONNER À VOIR LE FUTUR ÉQUIPEMENT

Du 3 au 15 juin 2013, le Collectif Etc est intervenu sur le parking pour débuter les premiers échanges sur le programme du futur bâtiment et amorcer le changement d’usage du parking actuel. L’objectif n’est pas de remettre en question le projet, qui a été construit depuis de longues années avec les différents acteurs du lieu, mais plutôt de le mettre en dialogue avec un public large et d’explorer les possibles d’un chantier public.

L’équipe était constituée de sept membres permanents du collectif, de Julie Baillieul et Diane Bousquet (graphistes), de Pauline Dilé (étudiante en architecture à Nantes), de Hamza Amrouche (habitant du quartier), et de David Pistre (architecte). Hamza, embauché via l’agence d’intérim Job 51 pour les deux semaines de chantier, a joué un rôle clé dans cette première étape, notamment au niveau des propositions d’aménagements sur le futur espace public et de notre intégration dans le quartier.

Plusieurs objectifs pour cette première phase :
– Préfigurer spatialement le bâtiment à venir.
– Préfigurer programmatiquement les usages attendus.
– Impliquer un maximum de publics par le biais d’ateliers ouverts.
– Mettre en place des outils de communication.

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A – UNE PRÉFIGURATION SPATIALE

Un premier enjeu consistait à amorcer le changement d’image du parking en espace public par le biais de la co-construction de mobiliers urbains avec les habitants.

Nous avons proposé de réaliser un aménagement modulable préfigurant les différents pôles de l’équipement et déplaçable en fonction des besoins ou de l’avancement du chantier. Ils ne sont transportables qu’à l’aide d’un maniscope ou d’une vingtaine de bras musclés.

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Six modules ont ainsi été construits in situ, de 2,5 x 5 m soit la taille d’une place de parking, permettant de s’intégrer au dessin actuel des aires de stationnement. Deux modules préfigurent la future salle de spectacle avec un gradin et une scène, un module représente le bar, un autre la maison de l’enfance avec ses assises en modèle réduit, une grande table évoque l’incubateur d’associations et enfin, un dernier module avec des supports de musculation évoque la place du sport dans l’aménagement du futur espace public. Ce dernier module a été intégré au projet et conçu sur place avec les jeunes du quartier suite à leurs propositions.

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Chaque pôle du futur équipement est aussi identifié par une identité graphique et une couleur. Les modules « salle de spectacle » et « bar » ont été peints par des graffeurs locaux (Ser, Scamp, Emir et Booser) lors d’une performance sur le site tandis que les modules « maison de quartier » et « incubateur d’association » ont été peints par des enfants lors des ateliers organisés par les graphistes, Julie et Diane. Le dernier module « sport dans l’espace public» est, lui, resté assez sobre, en noir et bois, et est destiné a être investi par les structures locales.

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Découvrez les modules et leurs structures en 3D !

B – UNE PRÉFIGURATION PROGRAMMATIQUE

Un deuxième enjeu de ce chantier ouvert était de préfigurer le contenu programmatique du bâtiment en organisant des évènements mettant en relation les futurs utilisateurs du lieu.

Des concerts ont été programmés les samedis soirs en partenariat avec le Collectif Velours. Le groupe de percussions africaines «Sidydia Ensemble» et le trio rémois « les Cunégondes » sont venus enivrer petits et grands sur les modules « salle de spectacle ». Nous avons aussi accueilli les musiciens locaux du Collectif « Voix de l’espoir » pour un concert improvisé et des ateliers de musique avec les enfants. La scène et les gradins ont ainsi vibrés le temps du chantier et attendent d’autres aventures musicales.

En parallèle des concerts, deux associations du quartier sont venues cuisiner sur le chantier. L’AFAME nous a concocté un délicieux poulet Yassa tandis que l’ASSOS’CAFE nous régalait de sa cuisine gastronomique pour l’inauguration.

La maison de quartier nous a accompagné tout au long du projet en nous accueillant le premier jour par un pique-nique de bienvenue. Des ateliers pour enfants ont été organisés tous les jours. Le bibliobus, géré par la médiathèque, a effectué un détour exceptionnel sur le site pour dévoiler ses histoires aux petits enfants et les modules sont aujourd’hui à disposition pour organiser d’autres ateliers.

La Maison de la Vie Associative, futur gestionnaire de l’incubateur d’association, était présente aussi pour une visite du chantier avec des représentants des conseils de quartier. Ils étaient enthousiastes à l’idée d’organiser leur prochaine réunion sur la grande table et ainsi « faire agora » !

Le dernier jour, le temps d’une après-midi, nous avons assisté à une scène magique, préfigurant l’ensemble des usages possibles de l’équipement avec un repas convivial, un concert éclectique et des ateliers pour enfants de fabrication d’un journal de chantier. Un premier mélange s’est opéré, désormais il appartient à tous de continuer à faire vivre les modules …

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C – DES ATELIERS OUVERTS

Nous pensons que le temps des chantiers dans la ville peut être l’occasion d’un apprentissage et de moments d’échanges ouverts à tous. Les structures sociales et éducatives : écoles, collège, lycée, centre de loisirs, sont autant de publics intéressés par les transformations de leur environnement. Il semble incontournable de les impliquer dès aujourd’hui dans la préfiguration du bâtiment et de ses usages.

Nous avons ainsi tout au long du chantier réservé des temps d’ateliers pour accueillir, expliquer, et faire avec les habitants du quartier. Des ateliers de menuiserie étaient proposés pour construire la structure et le platelage des mobiliers et des ateliers de peinture sur les planches de contre-plaqués prédécoupées venaient agrémenter les parois verticales des modules. Un atelier de conception d’affiche et de logos à partir de tampons aux formes simples a aussi été mené par les graphistes. Tour à tour , nous avons ainsi accueilli des élèves de 6ème du collège Joliot Curie, du collège Saint-André, de l’association APPF, de la maison de l’enfance « la Marelle » et de la maison de quartier. Témo, étudiant dans la section « assistant architecte » du lycée Arago, nous a aussi rejoint en stage pour la deuxième semaine de chantier.

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Les chutes de bois constituent un volume important. Sans que nous ayons mis en place un atelier dédié, des habitants sont venus profiter de l’ambiance, des outils, des conseils pour se fabriquer leur propres éléments de mobilier. On a vu naitre de cette façon une série de transats, de chaises, qui s’essaimaient dans les appartements environnants. Serait-il possible de travailler de cette façon avec les chutes du chantier de construction de l’équipement ?

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D – MISE EN PLACE DES OUTILS DE COMMUNICATION

Si l’acte de bâtir ensemble nous semble propice pour échanger avec l’autre, nous avons aussi développé des outils de communication en parallèle du chantier pour tenter de toucher les moins aventureux ou les plus distants.

La table ronde
Au-delà de la communication extérieure, nous avons aussi organisé une table ronde avec les principaux utilisateurs du bâtiment (Maison de quartier Pays de France, Maison de la Vie Associative), deux représentants de la scène culturelle rémoise (Collectif Velours et association T.R.A.C.), le service de la politique de la ville, un habitant (Fabrice) et un intervenant extérieur (Collectif Cochenko). Ce dernier, représenté par Damien Beslot, est venu présenter une démarche similaire d’appropriation d’un espace public dans un quartier ANRU en banlieue parisienne. Ce temps de réflexion, sur la place des dynamiques locales dans les futurs aménagements, avait pour but d’engager un premier échange sur le rôle de chacun dans la construction du futur équipement et d’ouvrir le débat sur la capacité de cet équipement à fédérer les différentes populations du quartier et d’ailleurs. Cette discussion se poursuivra en octobre, lors de notre prochaine intervention, en présence du préfigurateur, chargé de concevoir le mode de fonctionnement interne de l’équipement.

Des extraits de la table ronde sont disponibles ICI.

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Le panneau de chantier
Un panneau de chantier évolutif, remplaçant les habituels « chantier interdit au public », offrait un premier regard sur le chantier en cours, avec des photos imprimées jour après jour et le programme des évènements à venir. Un carnet de chantier, était alimenté chaque soir retraçant les histoires de la journée.

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La gazette de chantier
Un atelier de fabrication d’un journal a été aussi mis en place le dernier jour du chantier. Les participants pouvaient ainsi garder une trace de ce premier chantier ouvert. C’est un journal augmentable, l’idée est de pouvoir ajouter des pages au fil du projet jusqu’à l’ouverture de l’équipement.

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L’identité visuelle de l’équipement.
Diane et Julie, les deux graphistes du projet on encadré les différents ateliers liés à l’identité du projet : les motifs sur les modules, le panneau d’affichage, la gazette, les ateliers de création d’affiches. L’équipement construit son image, quelle continuité pourrons-nous construire jusqu’à la livraison du bâtiment ?

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4/ LA SUITE

A la fin de cette première phase de chantier, nous vous invitons à venir nous rencontrer lors de notre prochaine étape du 14 au 18 octobre prochain !
Ce sera l’occasion de faire un premier bilan sur l’entretien et le nettoyage des modules, leur utilisation, les déplacer, recréer des temps de convivialité et surtout prendre le temps d’imaginer ensemble la suite du projet !

Collectif Etc - Et si on essayait pour voir - Communication (2)POUR EN SAVOIR PLUS :
Visitez le carnet de chantier pour plus de photos et d’anecdotes.

NOUS TENONS A REMERCIER :
La ville de Reims et Cédric Mahé pour sa réactivité et son soutien exceptionnel tout au long du projet ; la maison de quartier pour son aide logistique ; toutes les structures partenaires du projet ; notre habitant-chef de chantier, présents tous les jours, Fabrice et toute sa famille ; Hamza pour sa motivation et son barbecue ; Khatib pour ses encouragements ; Jacques Wagala pour son énergie ; Noémie pour ses conseils ; Pauline Dilé pour son coup de main ; David Pistre pour sa bonne humeur et son investissement ; Julie et Diane pour leur inventivité et leur sympathie ; et tous les jeunes, les enfants et les parents ayant participé au projet …

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