Du 31 juin au 13 juillet 2013 le Collectif Etc a participé à l’organisation de l’atelier d’été “Mer-port-ville : l’Estaque, un territoire habité” à Marseille.
Cet atelier est un projet pédagogique porté par l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille (ENSAM), associée à l’École Nationale Supérieure du Paysage de Marseille (ENSPV-M) et l’Institut d’Urbanisme et d’Aménagement Régional d’Aix-en-Provence (IUAR). Le Collectif Etc a été invité à participer en amont à l’écriture du projet et à sa mise en œuvre.

UN PROTOTYPE POUR L’INSTITUT MÉDITERRANÉEN DE LA VILLE ET DES TERRITOIRES
Ces trois institutions avaient deux objectifs :
– Tester des enseignements croisés en vue de la création future d’un Institut Méditerranéen de la Ville et des Territoires, implantée sur le territoire d’Aix-Marseille et regroupant en son sein les trois disciplines complémentaires liées à l’aménagement du territoire que sont l’urbanisme, le paysage et l’architecture.
– Alimenter les nombreuses réflexions urbaines sur l’Estaque intéressant actuellement les pouvoirs publics, des professionnels de l’aménagement, des investisseurs, des promoteurs et enfin des associations et des habitants sur place. En effet le départ du GPMM d’une partie du littoral et la dépollution de vastes sites industriels au nord offrent des intérêts urbains et économiques très importants.

UNE PLURI-DISCIPLINARITÉ AU CENTRE DES ENJEUX
Placés en situation de projet, les trente étudiants des différentes formations ont été répartis en groupes mélangeant les disciplines : pour la première semaine, ils étaient trois équipes de 10 étudiants. Puis 10 équipes de 3 lors de la seconde semaines.
L’objectif du mélange des disciplines réside dans l’apport et la complémentarité de chacun des profils dans l’appréhension d’un territoire. Afin de dégager les points de frottement entre chacune de ces disciplines, ils ont été observés tout au long de l’atelier par un groupe de doctorants.

DE L’ACTION LOCALISÉE À LA RÉFLEXION SUR LE TERRITOIRE
L’atelier a été organisé en deux séquences distinctes : une première semaine d’interventions sur trois sites du centre de l’Estaque ; une seconde semaine en atelier, pour mener une réflexion à grande échelle.
Dans un premier temps, les étudiants, encadrés par des membres du Collectif Etc, ont pu construire des éléments de micro-architecture directement sur l’espace public et s’imprégner de morceaux de territoire, dans un dialogue avec ses habitants et usagers.
Dans un second temps, sous la houlette de Marc Barani, architecte, Guerric Péré, paysagiste, Francis Ampe, urbaniste, ainsi que des enseignants Stéphane Hanrot (ENSAM), Michel Chiappero (IUAR) et Réné Girard (ENSPV-M), ils ont pu mener une réflexion sur des stratégies à mettre en place sur l’ensemble du territoire de l’Estaque, par un travail représenté sur une photo aérienne augmentée de 10m x 4m.

1 / UNE SEMAINE D’ACTION SUR DES SITES DE L’ESTAQUE

DES ACTIONS DIRECTES POUR DES ÉCHANGES AVEC LES HABITANTS
Peu d’étudiants connaissaient le territoire de l’Estaque, voir les problématiques marseillaises dans son ensemble. Nous avons donc opté pour une immersion directe par l’action. Trois idées ont guidé ce choix :
– D’abord en considérant que c’est en agissant sur un territoire qu’on peut s’en imprégner. Se placer dans une posture de projet, avec un objectif de production palpable, amène à comprendre de manière très pratique et pragmatique le fonctionnement d’un espace et de ses usages.
– Ensuite en considérant que c’est dans l’action et la critique de sa production qu’un débat peut émerger. On se base ainsi sur des mises en situations concrètes, n’empêchant nullement des considérations plus poussées mais servant de point d’entrée dans le dialogue à de nombreux exclus habituels des questions urbaines.
– Enfin en considérant qu’il procède à une forme d’échange entre les étudiants, et les usagers et habitants d’un territoire. Si les seconds sont sollicités pour leur disponibilité, les premiers laissent derrière eux un espace censé avoir amélioré la qualité du quotidien du quartier. Nous avons sélectionné les sites en fonction de leur intérêt pédagogique et de leur intérêt pour le quartier, lors de plusieurs repérages en amont pendant lesquels nous avons également rencontré et impliqué certains habitants et structures locales.

LA RÉSIDENCE SUR L’ESTAQUE
La première semaine, les étudiants sont venus en résidence sur l’Estaque, avec le Collectif Etc, chargé de l’organisation de toute cette première semaine. En logeant dans le camping éphémère YesWeCamp, sur le quai de la Lave, les 30 architectes, paysagistes et urbanistes ont ainsi passé une semaine entière à vivre sur le quartier, pouvant ainsi pratiquer le territoire à pied.
L’objectif étant d’intervenir sur l’Estaque, il était important que les étudiants s’imprègnent des lieux, éprouvent par exemple son manque de transport en commun, son rapport à la mer singulier, sa topographie accidentée, son éloignement du centre ville de Marseille, son ambiance particulière, bien que YesWeCamp reste une enclave particulière dans le quartier.
De plus, même si le camping éphémère nous a semblé particulièrement intéressant sur de nombreux points, comme l’auto-construction du projet ou la question qu’il pose par sa présence ici, il nous paraissait souffrir d’un manque d’ancrage sur le territoire de l’Estaque, jusqu’à lui tourner réellement le dos. Un des objectifs des actions était donc de tisser des liens entre ces micro-architectures disséminées dans la ville et le camping du quai de la Lave. L’identification facile, par les estaquéens, des étudiants aux campeurs, a permis d’instaurer des dialogues à une échelle spatiale plus importante que le simple lieu d’intervention.
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TROIS SITES D’ACTIONS SUR L’ESTAQUE
Le premier dimanche après-midi, une visite de l’Estaque a été organisée afin de présenter les sites d’interventions préalablement pré-sentis. Un escalier abandonné, sur la montée des usines, au passé industriel marquant ; le parc Mallot, square abandonné en plein cœur du centre historique du noyau villageois ; un délaissé au pied de la Cité Pasteur, symbole de l’éradication des bidonvilles de l’Estaque. Ainsi, trois sites, géographiquement, historiquement et socialement distincts, pour trois équipes composées d’une dizaine d’étudiants et de deux membres du Collectif Etc.
Suite aux premiers échanges ayant eu lieu sur ces différents sites avec les habitants rencontrés sur place, des pistes d’intentions ont été dégagées, allant jusqu’à un changement de site pour le troisième lieu, l’intervention se déplaçant du délaissé de Pasteur à la montée de la gare de l’Estaque.
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Le site est localisé à quelques centaines de mètres au dessus de la mer, et offre un panorama incroyable sur toute la rade de Marseille. Il est à la limite des anciennes usines Pullman, en cours de dépollution, et est bordée d’une série de maisons ouvrières, toujours habitées.
Autrefois pratiqué quotidiennement par des milliers d’ouvriers se rendant à l’usine, il est aujourd’hui abandonné et dans un état de délabrement avancé. Il incarne à lui seul les pratiques passées d’un territoire et ses mutations au cours des dernières décennies : une histoire qui s’est construite avec l’industrie, aujourd’hui sinistrée ; des centaines de cheminements piétons maillant le morceaux de ville abrupte, fourmillant de raccourcis entretenus, complètement délaissé au profit de la voiture individuelle.
La proposition des étudiants a été de réactiver ce cheminement ainsi que l’escalier lui-même, tout en y ajoutant une terrasse. L’intervention, modeste et discrète, n’en reste pas moins efficace de part la qualité du paysage qu’elle offre ainsi à contempler. En quelques jours, un lieu à priori sans qualités apparentes a pu se révéler être un endroit particulièrement agréable et atypique.

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En plein cœur du village, ce square tout en longueur fait figure d’un véritable délaissé, de par le manque d’infrastructures et l’absence de qualité de son aménagement. Il est situé en plein cœur du vieux village de l’Estaque, et est entouré de maison individuelles mitoyennes qui lui tournent toutes le dos.
Malgré des usages ponctuels, plus personne ne semble vraiment occuper le lieu. Il cristallise des tensions pouvant exister entre différentes populations, des conflits d’usages, entre des jeunes vers de l’extérieur y restant tard le soir et des personnes plus âgées aspirants à une tranquillité permanente. Toute la semaine à dû être parsemée d’échanges et de négociation avec les riverains.
La proposition a donc consisté en des propositions d’aménagement, révélant des usages possibles pour le lieu.

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Initialement prévue dans un délaissé de la cité Pasteur, l’intervention a dû être délocalisée le long de l’avenue de Caronte menant à la gare de l’Estaque, le voisinage voyant d’un mauvais œil l’intervention, sous leur fenêtre, d’une trentaine d’étudiants. L’avenue de Caronte fait office de parking pour la gare et le quartier, il y a quelques bancs et on y attend le bus au croisement de la rue Pelletier. Juste en face cohabitent le centre social et la MMA (maison d’arrondissement municipale) qui nous ont bien aidé. Disséminés en trois lieux partant de la route structurante du village et remontant jusqu’au bâtiment de la gare quelques cinquante mètres plus haut, trois arrêts possibles ont été construits. Ceux-ci suggéraient des usages métropolitains et multimodaux sur le parking de cette gare villageoise : le quai 1 pour attendre le train vers Martigues, le quai 2 pour les promeneurs du quartier et le quai 3 pour prendre le bus vers Marseille. Ces trois installations, couplées à une signalétique propre, participent à un séquençage de cette rue.

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DES TEMPS D’ÉCHANGES
Durant cette semaine, les temps de chantiers ont été accompagnés de temps d’échanges de deux ordres.
Le premier consistait en des temps de présentation effectués dans l’Estaque par des acteurs locaux : une matinée avec Pascale Reynier, adjointe déléguée à la culture de la mairie des 15/16e ; une matinée avec Jean-Marie Sanchez, comédien et habitant de l’Estaque et Marie Seibel, responsable de la MMA Estaque Gare.
Les seconds temps d’échange se sont déroulés en trois séquences, le soir de 19:00 à 20:30, sur le camping YesWeCamp. Ces tables rondes étaient ouvertes au public et avaient pour thématique générale : « Territoire habité : de l’action locale à des stratégies de territoire ». Ainsi, sur chacune des soirées, la thématique a été déclinée avec des intervenants invités différents :
Territoire cultivé. Comment l’agriculture urbaine peut participer à l’aménagement du territoire ? Avec Jean-Noël Consales et Julien Nadau.
Territoire enseigné. Quel pédagogie pour faire la ville ? Avec La Compagnie des Rêves Urbains et Pascale Reynier.
Territoire construit. Quel liens entre pratiques locales et projets métropolitains ? Avec Marie Baduel et Christine Breton.

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UNE RESTITUTION SOUS FORME DE VISITES DE SITES
Le dernier jour, une visite des différents sites a été proposée, chaque groupe expliquant aux autres étudiants, aux encadrants et aux passants leurs intentions sur chacun des sites, avec un temps d’échange sur chacune des interventions.
C’était l’occasion de relier les différents points d’intervention les uns avec les autres, ainsi que de mettre en avant leur rapport avec le quartier de l’Estaque, mais aussi avec le camping éphémère, les départs des balades commentées ayant lieu là-bas.
C’était également l’occasion de faire la « passation » des étudiants entre le Collectif Etc et les encadrants de la seconde semaine, et notamment les masters invités à suivre et accompagner cette seconde séquence : Marc Barani, architecte, Guerric Péré, paysagiste et Francis Ampe, urbaniste.

2 / UNE SEMAINE DE RÉFLEXION SUR LE TERRITOIRE
Pour la seconde séquence de l’atelier, les étudiants sont allés du 07 au 12 Juillet à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille, à Luminy.
Durant cette période, ils ont reconstitué des groupes de trois étudiants, toujours en mélangeant les disciplines d’origines. Ils ont ainsi mené une réflexion prospective à l’échelle du territoire, en réfléchissant à des orientations possibles pour le devenir de cette frange littorale.
Durant cette semaine, ils étaient accompagnés de duo enseignant-professionnel : pour l’architecture, Stéphane Hanrot et Marc Barani ; pour l’urbanisme Michel Chiappero et Francis Ampe ; pour le paysage René Girard et Guerric Péré.
Étaient en outre présents des enseignants invités de différentes universités : Serge Bethelot du Génie-Urbain-Paris-Est, Lisa Diedrich du TU-Malmö , Elio Trusilani de La Sapienza-Roma, Alex Oliveira et Marluce Venancio de l’Université UEMA São-Luis (Brésil), et Maísa Veloso de l’Université de Natal (Brésil).
Un des objectifs résidait dans l’expérimentation de différents outils de représentation du projet urbain. L’idée était ici de se servir d’une photo aérienne, imprimée sur une bâche de 10m x 4m posée au sol, sur laquelle il est possible de marcher, donnant une représentation en vue d’avion.

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Les équipes ont réfléchi en petits groupes sur une thématique qu’ils avaient préalablement choisie, et l’ont abordée sur un morceau de territoire. Mis bout à bout, le discours s’est construit en « avançant » sur le territoire, en abordant différentes questions et négociant avec les divers groupes et opinions, afin d’arriver à structurer un discours global sur le territoire « estaquéen ». L’idée n’était pas d’avoir un master plan clair de ce que pourrait être l’Estaque dans les décennies futures, mais d’arriver à établir collectivement un discours urbain cohérent et négocier les pistes d’orientation à suivre.

La restitution de cette deuxième séquence s’est déroulée à nouveau sur le camping éphémère de l’Estaque, et était ouverte au public. Quelques estaquéens et notamment des représentants des comités d’intérêts de quartier étaient présents lors des explications des étudiants amenant un débat basé sur des propositions stratégiques très diverses.
Le lien entre la première semaine et cette seconde, de l’intervention locale à la réflexion sur le territoire, s’est notamment faire ressentir sur les tactiques mises en place par les étudiants. En effet, certains d’entre eux ont développé une méthode incrémentale de construction d’un projet, en partant de lieux très localisés pour aller petit à petit vers des postures à l’échelle du grand territoire.

Cet exercice a posé de nombreuses questions sur la démarche, le statut et les projets que peut avoir une personne ayant le pouvoir d’aménager le territoire. Pourquoi et jusqu’où a-t-elle ce pouvoir? Sympathiser avec des habitants d’un quartier, lui permet-elle d’imaginer des projets meilleurs? Est-ce possible de raisonner à la fois sur des échelles de 50 ans et sur celles de quelques jours? Qu’appelle-t on aménagement du territoire ?

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NOUS TENONS À REMERCIER :
Tous les étudiants ayant participé à l’atelier et qui ont joué le jeu à fond : Rui Alexandre Ramos Duarte do Rosàrio, Luisa Ghignatti, Anais Barboni, Jean Mazé, Vanel Olivier, Quentin Fargeix, Elsa Clérin, Julia Moutiez, Mathilde Assier, Elena Ventura, Salvatore Terrano, Carolina Tramonti, Alexandre Malfait, Camille Molle, Leo Pouliquen, Thibaut Mercier, Lucie Loosen, Glenn Pouliquen, Alain Millias, Simon Dreano, Aline Terrien, Benoit Romeyer, Orianne Guiot, Guillaume Pourre, Julie Aillaud, Dinh Hoa Mai, Elisa Lagier, Medhi Mamou, Frédéric Simien, Laure Mondange.
Stéphane Hanrot et toute l’équipe de l’ENSA-Marseille, Michel Chiappero et l’IUAR, René Girard et l’ENSPV ; Marc Barani, Guerric Péré, Francis Ampe, René Borruey ; les observateurs Flavien Boulnois, Julien Ineichen et Clément Pecqueux ; Maísa Veloso, Alex Oliveira, Marluce Venancio, Elio Trusilani, Serge Bethelot et Lisa Diedrich des universités invités ; Ruth Gonzalez, Marion Serre, Lucie Lerude et Christophe Piqué ; la grosse équipe de YesWeCamp ; Hugo Grail ; Pascale Reynier, Jean-Marie Sanchez, Marie Seibel et toute l’équipe de la MMA Estaque Gare, la Compagnie des Rêves Urbains, Jean-Noël Consales, Julien Nadau, Marie Baduel, Christine Breton ; Philippe Rouet de Recylex ; et toutes les personnes rencontrées pendant le projet mais aussi en amont, qui nous ont accordé un peu de leur temps pour nous raconter l’Estaque.

5 Comments

  • Cecile dit :

    C’est très intéressant tout ce projet. Je suppose que les étudiants se sont régalés. Mais franchement, comment peut-on les sensibiliser de cette façon à l’aménagement d’un territoire sans dialogue ni concertation avec les acteurs présents sur ce territoire (population, associations, entreprises, pouvoirs publics…) ? Quel mode opératoire vous leur donnez là pour l’avenir ? N’est-ce pas le risque de reproduire les mêmes erreurs qui ont été conduites durant des décennies déjà ? Imposer l’usage d’un territoire, sans tenir compte de l’usage quotidien de ses usagers. Dans le compte-rendu de vos travaux, sur les photos que vous mettez en ligne, lors de la restitution des chantiers, aucun habitant de l’Estaque n’apparait. Sur les lieux réaménagés seuls figurent les étudiants, pas un seul habitant. Quel échec ! C’est triste de penser qu’on continue de former des bataillons d’architectes et d’urbanistes qui imposent leur vision de l’aménagement d’un lieu (soit dit en passant je pense pour bien connaitre l’Estaque que les décos bobo ont bien dû amuser les habitants) au lieu de penser l’aménagement en fonction des usages et en dialogue et co-construction avec les usagers du territoire.

    Cécile

    • Collectif Etc dit :

      Bonjour Cécile,
      merci de votre commentaire, c’est toujours intéressant d’avoir des retours sur nos projets. Je vais donc prendre le temps de vous répondre, avec plaisir !
      J’imagine que vous avez lu attentivement ce compte-rendu. Je me permettrais alors simplement quelques précisions, sans vouloir « défendre » le projet, cela n’aurait aucun intérêt, mais plutôt réagir de manière critique.
      Effectivement, il n’y a pas eu de concertation dans son sens courant, sous forme de réunions publiques par exemple. De toute manière, nous n’y croyons pas, compte tenu de la représentativité effective de ces instances. En revanche, nous avons rencontré, durant les quelques mois précédents cette semaine, de nombreux acteurs de l’Estaque, qu’ils soient élus, représentants d’associations ou d’opérateurs divers, et des personnes du voisinage des lieux d’intervention par du porte à porte. C’est sur, ce n’est pas exhaustif, et il aurait surement fallu beaucoup plus de temps, nous vous l’accord.
      Ensuite, il est un point de notre pratique que nous avons voulu partager avec les étudiants : nous croyons que c’est pendant le chantier que des mouvements intéressants entre les gens sont provoqués. Par l’action créative, il devient possible de réagir sur des propositions concrètes, palpables. L’idée c’est qu’en faisant quelques chose, on provoque des réactions et des discussions. Vous noterez que ces interventions ne sont pas pérennes : elles sont donc modifiables, augmentables, ajustables, négociables. Rien n’est figé, et je dirais même que tout reste à faire.
      Enfin, je rejoins votre analyse sur la formation des architectes-urbanistes, même si elle est peut-être un peu trop généralisante. Nous avons voulu ici expérimenter une méthodologie de projet différentes. Ne pas faire du projet à partir d’une vue satellite, mais commencer par se confronter au terrain, dans son sens positif. Le pratiquer en quelque sorte. Même si vous avez l’air un peu remonté contre les architectes-urbanistes-paysagistes, ils acquièrent au cours de leur formation, à mon sens, la capacité d’avoir des lectures globales des territoires. Leur manque en effet, je suis d’accord avec vous, une connaissance profonde du local, de ses pratiques, de ses usages, de ses lieux désirés ou redoutés, de ses temporalités, etc…Reste à eux, dans ce cas, d’inventer des méthodes pour pouvoir s’en emparer tout en partageant leurs connaissances. Qu’il y ai un échange, un dialogue. Plongez vous dans les projets dessinés, vous vous apercevrez qu’on est peut-être plus dans des propositions de stratégies que dans l’imposition de plans guides..
      Pour terminer, je vous dirai qu’il faut comprendre ce projet comme une première étape dans ce qui pourrait être un long processus de fabrique de la ville. Une esquisse d’une tentative. Et que pour que les choses avancent dans le dialogue, cela prend du temps.
      Sachez enfin qu’on a conscience qu’un projet de territoire est un projet politique, dans le sens où l »on doit réellement mettre tout le monde autour de la table. On cherche des méthodes, on expérimente des situations. Si vous avez des idées ou des expériences à faire partager, on est preneur !

  • Cécile dit :

    Bonjour,

    Je vous remercie sincèrement pour votre longue réponse. J’ai de quoi être « remontée » (comme vous l’écrivez) contre les architectes-urbanistes-paysagistes en général car je vis dans l’espace urbain et je me confronte -et je vois autour de moi d’autres s’y confronter- à leurs installations, à leurs schémas, à leurs bâtiments, qui ne correspondent bien souvent pas à nos usages quotidiens mais répondent à leur seule vision imaginaire de ces espaces.

    • Julie et Elsa dit :

      Bonjour Cécile,

      Pour avoir participé à ce workshop, nous pouvons vous affirmer que le rôle de l’habitant a été majeur dans nos réflexions et prises de décisions. Nous avons, dès le départ, discuté avec certains acteurs locaux (des habitants, des associations et membres du CIQ) lors de rencontres, organisées ou non. L’intérêt de ce workshop était de partir des usages existants la première semaine pour ensuite travailler à une échelle plus large ensuite.

      Pour le site de la montée des usines, nous avons pris le temps d’aller voir les habitants vivant à proximité du lieu de projet, taper à leur porte pour les prévenir de qui on était et de ce qu’on faisait ; nous avons pu discuter avec eux et leur demander conseil sur ce qui était juste ou non de réaliser. C’est à travers leurs points de vue que nous avons orienté et réajusté notre projet tout le long de la semaine. Certains venaient même nous voir régulièrement, nous apportant parfois parts de pizzas ou glaces. D’autres venaient même nous donner des conseils sur « comment bien scier une planche ». Ils semblaient pour la plupart très enthousiastes et impliqués, ayant bien compris que les premiers usagers concernés c’était eux.
      Le 2e site, le parc Mallot, a été un mélange de rencontres et d’interactions. Situé en plein centre ville, de nombreux jeunes sont venus mettre la main à la patte d’eux même, un peu tous les jours.
      Les installations à la gare ont suscité des questions, des réactions de la part des usagers du site (des habitants, travailleurs, touristes, petits et grands…) tout au long de la construction. Une fois les bancs terminés, quel plaisir de voir les gens en profiter!

      Cette première semaine en contact avec le terrain et ses habitants nous a permis de prendre conscience de certains enjeux et problématiques de l’Estaque. Nous avons pu prendre du recul pour la seconde partie du travail et ainsi imaginer un projet à l’échelle du territoire.

      Elsa et Julie

  • gonpoulton dit :

    hola mi nombre es Gonzalo.Llego hasta aquí de casualidad .me parece realmente interesante el proyecto.trabajo en el área de deporte del municipio de mi ciudad.Puerto Madryn,Argentina y lo que hacemos es tratar de generar actividades relacionadas con el deporte pero desde una mirada social,tratando de incluir niños y adolescentes .la realidad claramente indica que no hay punto de comparación con los recursos y las cualidades profesionales entre lo que ustedes hacen y nosotros,pero si lo hay ,a mi entender en el después,con el trabajo realizado,con las utilización del espacio .Digo esto por la inquietud que se plantea en los comentarios anteriores.
    Creo que estas actividades ademas de la participación de los profesionales o estudiantes deberían contar también con grupos de jóvenes con otro tipo de realidades,que sienten la calle como un lugar de pertenencia.Esto ademas de educar y dar recursos para un futuro ,una salida laboral, haría que funcionen como multiplicadores en la sociedad ,en sus barrios.Para el uso y también para el cuidado ,ya que el campo de acción es la calle.Espero se entienda lo que trato de decir.independientemente de eso creo que es genial todo lo que hacen .
    saludos desde Puerto Madryn
    Gonzalo

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