Dans le cadre du Détour de France, du 5 au 9 mars, le Collectif Etc a été invité à intervenir dans l’hôpital La Colombière, à Montpellier. Durant une semaine, patients, infirmiers, médecins et étudiants en architecture ont investi le parvis du pavillon de l’espace culturel, pour transformer cette aire de stationnement en espace public.

À la fois lieu d’exposition et de représentation, l’espace culturel accueille toute l’année des ateliers artistiques ouverts à tous. Et c’est sur le parvis, assis sur les marches du perron ou sur les bordures du terre-plein que se retrouvent régulièrement patients, personnels médicaux et artistes, là où aucun aménagement n’avait été prévu pour leur rencontre.

L’objectif de notre intervention était donc de réaliser ici une structure en bois intégrant différents usages possibles pour ce lieu.

Pour faire participer activement les différents publics sa transformation, nous avons mis en place un atelier en trois temps : concertation, co-conception puis co-construction.

1 / Une rencontre pour établir collectivement les enjeux du projet et son programme.

Le vendredi avant notre arrivée, nous avons organisé une réunion pour faire émerger avec les patients et le personnel différents usages possibles.

Trois enjeux en sont ressortis.
Le premier était de prolonger l’activité culturelle en dehors de l’édifice afin de donner une meilleure lisibilité du lieu au sein de l’hôpital.
Le second, plus pratique, était de faciliter l’accès au bâtiment aux personnes à mobilités réduites.
Enfin, le troisième enjeu consistait à proposer une série de mobilier rendant agréable l’usage du parvis.

Formellement, cet aménagement se décompose en deux bandes qui se déplient, leurs hauteurs ondulant en fonction des usages. Le profil de la première de ces bandes était fixé par nos soins, la seconde l’était par les participants.

2 / Des outils pour une co-conception in-situ.

La première journée de chantier, nous avons préfiguré au sol le déroulé de la construction grâce à de la rubalise. Le but était d’aider les participants à prévisualiser le chemin à parcourir.

Dès la deuxième journée, nous avons ouvert le chantier et mis en place certaines règles constructives afin de laisser libre cours à la créativité de chacun, tout en assurant une cohérence globale au projet.

Pour cela, nous avons proposé deux outils successifs :

Dans un premier temps, une grille à l’échelle une permettait de choisir les hauteurs, l’inclinaison et l’usage du module in situ. Ce cadre grandeur nature était placé directement sur le futur emplacement de la construction et servait de guide à la conception.

Ainsi, les gens dessinaient la silhouette du module en respectant trois règles:
1 / Partir de la hauteur précédente pour assurer la continuité de la bande.
2 / S’inscrire dans la longueur d’un module :  3×45 cm.
3 / Respecter les hauteurs fixées en fonction des usages, à savoir 45 cm pour une assise, 75 cm pour une table et 120 cm pour un «  mange-debout » .

Dans un second temps, la ligne haute de chaque module était reportée sur une feuille A4. Chacun de ces dessins, représentant un tronçon individuel, était ensuite accroché bout à bout pour construire peu à peu le développé linéaire de l’ensemble de la construction. Finalement, l’image de l’oeuvre commune a été imaginé sous la forme d’un « cadavre exquis » .

3 / Un système constructif simple pour une construction partagée.

Les modules ont été entièrement construit en bois. Pour ce chantier, nous disposions de 70 m2 de planches et 30 ml de chevron. En amont, nous avions fixé le système constructif de la structure porteuse. Il s’agissait de concevoir une ossature centrale à répéter et adapter selon les inclinaisons proposées. Nous avons opté pour une structure porteuse moisée recouvert d’un platelage de planches.


Au fur et à mesure que les usagers dessinaient les modules sur la base de la grille, l’aménagement progressait sur le parvis. C’est ainsi que pendant cinq jours, de “case en case”, patients, membres du collectif, personnels soignants et étudiants se sont attelés à fabriquer ensemble le projet.

À la suite de cet atelier, dans le but de prolonger cette action, l’espace culturel a prévu d’organiser des ateliers avec les patients pour vernir la structure.



Nous tenons à remercier tous les patients et le personnel médical qui se sont joints à nous pendant ce chantier, Cloé Paty pour le contact, Louise Aubert et Katia de l’espace culturel, ainsi que Sophie Duveaux pour l’appart.

9 Comments

  • eloka dit :

    Très classe la co-conception! bo-boulot!

  • Baptiste Michard dit :

    Génial les gars vous allez être encore plus célèbres !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!(si c’est possible)
    en plus c’est courageux, touchant et très profondément humain d’avoir travaillé avec et fait travailler ces patients, vous élargissez encore votre ouverture aux autres dans ce projet ça déchire.
    Spéciale dédicace au gros Mahe !
    Continuez à Kiffer les beaux jours

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