Le Grand Réal accompagne des personnes dans le spectre de l’autisme autour d’un formidable projet mêlant restauration, agriculture et pratiques artistiques depuis 1977. Nous les avons aidé à transformer le réfectoire des résident.es à partir de matériaux de réemploi glanés sur le site et à travers une série d’ateliers participatifs en incluant les adultes avec autisme dans la réalisation. Un travail sur l’autonomie et la mise en capacité des résidents a donc été au coeur du projet, autant dans le programme (mis en place d’un self) que dans sa réalisation, à la croisée de l’architecture et du thérapeutique.
Avec Roméo Julien.
1/3 – Matériau
>>> Réemploi de tubes de serres.
En menant l’enquête sur le territoire de l’ESAT, nous avons trouvé une serre dépareillée. Nous sommes partis de ce gisement de réemploi pour imaginer les petits équipements du réfectoire. Les tubes nous ont incités à se placer dans l’imaginaire des diables et autres ustensiles agricoles nécessaires au déplacement des charges sur le site.
2/3 – Process
>>> Inclusion des travailleureuses dans le spectre de l’autisme dans la conception et le chantier.
En arrivant la première fois sur le vaste terrain du domaine du Grand Réal, nous avons vite compris que nous allions bien nous entendre. Au coeur de ce bout de forêt perdu dans la garrigue du Luberon cet ESAT (Etablissement ou Service d’Aide par le Travail) poursuit une initiative incroyable issue des développements de la psychothérapie institutionnelle des années 70. Inclure des personnes dans le spectre de l’autisme demande d’inviter une manière de faire le chantier peu bruyante et conviviale, c’est-à-dire usant de techniques faciles à mettre en œuvre. Nous avons donc imaginé ce « jeu » d’assemblage que nous avons préfabriqué à l’atelier et thermolaqué avec des couleurs douces (il ne faut pas d’éléments trop vifs pour les personnes hypersensibles).
3/3 – Situation
>>> Dispositifs mobiles et rideaux textiles
Nous avons travaillé à la demande de l’ESAT sur des dispositifs permettant d’augmenter l’autonomie des travailleureuses. L’autisme conduit à des comportements hypo- ou hyper-sensible et ce nouveau principe de self permet donc à chacun.e d’adapter son repas comme il le souhaite et de se servir soi-même.
Nous avons aussi proposé de séparer l’espace par un travail de rideaux pour pouvoir séparer des personnes hyper-sensibles qui ont besoin de calme. Le choix des couleurs et des formes des cloisons en tissus ont été choisi.es par les résident.es de l’ESAT, en prenant en compte l’envie et le besoin d’avoir un coin calme et un coin plus animé. Les tissus colorés accueillent des formes cousues et viennent ainsi séparer l’espace entre les tables du réfectoire.