Les vieux beaux, c’est la contribution du Collectif Etc à un projet de redynamisation des rez-de-chaussée vacants du quartier Jacquard à Saint-Etienne :  le BEAU (Bureau Éphémère d’Activation Urbaine), porté par Carton Plein pendant la Biennale de design de 2015, et soutenu par l’EPASE.

Faisant également partie du programme Banc d’essai, qui se propose d’exposer une sélection de mobilier urbain dans le cadre de la Biennale, Les vieux beaux est une expérimentation de mobilier urbain construit à partir d’anciens conteneurs à papier (les Recyclés) et d’anciens mobiliers d’école (les Redoublés), à destination d’espaces publics de proximité, en transition et en questionnement, en lien avec l’activité des rez-de-chaussée.

1 / Un bureau éphémère pour accueillir l’effervescence collective

Tout commence par une invitation de Carton Plein à prendre part, en tant que constructeurs, au projet BEAU. En décembre 2014 et février 2015, nous participons d’abord à l’écriture du projet : nous venons à quelques-uns, tempêtes de cerveau, tentative de synthèse et de convergence des initiatives et des dynamiques. Projet très ambitieux et un peu foutraque à l’énergie débordante, le BEAU prend forme dans les esprits.

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Le Bureau Éphémère d’Activation Urbaine est seulement la partie visible. C’est un temps fort de Sainté itinéraires croisés, un ambitieux iceberg de recherche-action et d’implication locale de Carton Plein. Comment, à l’occasion de la Biennale de Design, profiter de ce coup de projecteur pour mettre en évidence les problématiques de vitalité du quartier et des rez-de-chaussée ? Il s’agirait de s’emparer de l’événement pour mettre tout le monde autour de la table, faire du raffut, du bruit et des couleurs, faire se rencontrer les gens, les porteurs de projets, les propriétaires, les institutionnels et les passants, ouvrir des portes, faire visiter, proposer des occupations temporaires, et peut être même, qui sait, enclencher une dynamique de réappropriation des rez-de-chaussez du quartier. Hein ! C’est pas interdit de rêver.

Les occupations de vitrine seront concentrées dans la très désertée rue Jules Ledin et ses alentours. Le BEAU devient le bureau central, l’épicentre de ce grand ramdam. Hébergé dans une ancienne supérette située à l’angle des rues Ledin et Grand Gonnet, et habillée pour l’occasion, il accueille les principaux outils du projet et ses acteurs. D’autres rez-de-chaussée vides sont occupés par des complices comme Typo-topy, qui crée des enseignes pour le quartier, et nous, le bras outillé du projet, dans notre boutique-atelier Les vieux beaux.

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L’aménagement du B.E.A.U.

Nous œuvrons dans un premier temps avec Carton Plein à la scénographie du BEAU. Nous retrouvons là notre cher Marius mais aussi les innombrables tasseaux récupérés issus de la matériauthèque de la Cartonnerie. Le BEAU est le lieu d’accueil des visiteurs. Il comprend un guichet pour la permanence d’accueil et l’agence (Hihi)mmobilière qui met en lien les acteurs et les lieux, un plateau radio pour des tables rondes, et différents aménagements pour accueillir les activités : création d’une gazette, orientation des visiteurs, centre de ressources, départ de visites, etc.

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2/Expérimentation d’occupation temporaire

Nous aménageons ensuite notre boutique-outils, Les vieux beaux, un atelier au service des autres occupations temporaires, actif pendant les quelques semaines du projet. De plus, en parallèle du BEAU, nous avons répondu avec Malo Mangin (designer ami de longue date du collectif) à l’appel à projet Banc d’essai, pour lequel nous avons été retenus. Notre proposition consistait à prototyper deux principes de détournement et de réemploi de mobiliers municipaux pour en faire de nouvelles pièces de mobilier urbain : les Recycleurs et les Redoublés.

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Les Recycleurs

«Le projet consiste en un détournement : la fonction initiale du container change, mais les atouts techniques existants sont conservés. L’ancien usage est lisible, mais il a été remplacé par quelque chose de plus généreux. Leur présence ne surprend pas, on est habitué à voir ces objets, leur nouvelle fonction nous invite simplement à les regarder, pour ne pas oublier qu’ils existent. Un scénario optimiste pour le devenir de ces structures qui pourraient venir meubler les rues au rythme des événements et des chantiers ».

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Les Redoublés

« Les mobiliers d’école font partie de la mémoire collective, ils renvoient aussi au partage, à la mise en commun, à la prise de parole publique, à la fête. Si ils ont traversé les époques, c’est qu’ils sont d’une robustesse à toute épreuve, mais malgré tout inadaptés à l’espace public. La proposition consiste à réaliser un assemblage de ces éléments de mobilier d’intérieur pour l’espace public. La démarche est presque opposée à celle du détournement des containers : nous proposons de conserver la fonction de chacun des éléments installés, mais d’adapter la structure et la composition ».

Préfigurer les futurs espaces publics

Durant ces deux semaines de chantier, nous avons ainsi construits ces mobiliers depuis notre local ou l’espace extérieur Grand Gonnet. Une fois achevés, une petite parade de rue a eu lieu pour transporter l’encombrant objet jusqu’à sa destination, à quelques rues de là.

La déclinaison de mobiliers a permis de tester différentes propositions d’usages, mais surtout de mettre en exergue une partie des lieux identifiés dans le plan d’aménagement des espaces publics du quartier ou d’en relever d’autres, liés à une activité en rez-de-chaussée.

Notre action sur les espaces publics du quartier Jacquard vise à nourrir et alimenter le projet urbain en cours mené par l’EPASE, sur la base du plan guide Entre Jacquard et Carnot, rédigé par l’équipe de maîtrise d’œuvre urbaine Territoires Urbains Architectes Urbanistes, Atelier de Ville en Ville, Tribu et Arcadis.

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L’après-Biennale

L’équipe de Carton Plein a continué longtemps ce travail méticuleux de recensement des rez-de-chaussée vides et de mise en relation des acteurs. Leur territoire de recherche s’est agrandit.

À la fin de la Biennale, une partie des mobiliers construits ont été déplacés vers La Cartonnerie. Cela a permis de prolonger l’expérience et la vie des créations jusqu’à l’été qui a suivit. L’équipe de Carton Plein a assuré le suivit des différents éléments conservés jusqu’à leur démontage.

Les Recycleurs on posé des sérieux problèmes d’entretien. Disposés sur une ancienne friche récemment ouverte, peu entretenues, au statut encore flou, les anciennes poubelles ont finalement souvent repris leur statut initial. La fête est finie. On touche ici à une limite du détournement d’objet qu’on n’avait pas vraiment soupçonnée !

Quelques informations supplémentaires sont compilées dans le dossier de bilan ci-dessous :

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