Jusqu’au milieu du mois de septembre 2016, se tiendra à Dunkerque l’exposition « Une architecture habitée » autour des travaux de Simone & Lucien Kroll. Elle occupe l’espace des expositions temporaires du Learning Center Ville Durable, au sein de la Halle aux Sucres.

Nous avons été sélectionnés pour en assurer la scénographie, aux côtés du Studio Agnès Dahan, qui a eu en charge la partie graphique. Cette exposition est la reprise de celle qui avait été montrée en septembre 2013 au Lieu Unique à Nantes dans laquelle nous avions réalisé « L’appartement témoin« .

1 – UNE SCÉNOGRAPHIE

Dans l’univers alambiqué de la réhabilitation flambant neuve de la Halle aux Sucres, l’espace des expositions temporaires nous semble tronqué : 150 mètres carrés pour 50 mètres de long. Autrement dit un couloir, suspendu au quatrième étage de l’aile dévolue au Learning center ville durable. Un espace en cul de sac, largement vitré. D’un côté, nous est offert une vue, comme une coupe, sur les bureaux du service urbanisme de la communauté urbaine de Dunkerque. De l’autre, c’est moins évident d’y voir, double façade oblige, mais il y a Dunkerque, la ville.

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Pour sûr, une pointe de Kroll a manqué dans les grands axes de cette réhabilitation. Cette scénographie est l’occasion de contrebalancer tout ça, de créer un choc entre le sensible et le verre trempé, l’aluminium et l’acier.

Comment exposer un architecte, une architecture et ses concepts, sans en éprouver les réalisations ? En traduisant ses concepts en dispositifs scénographiques ? En utilisant ses grandes idées pour concevoir ? Tentons. Ce sera un petit-déjeuner permanent, pour la vicinitude [1], et les buffets de chantier, chers au couple belge. Un labyrinthe de tables, à l’image d’une architecture toujours polymorphe. Des tables, conçues à partir d’un même hexagone et qui se déploient en formes différentes et s’assemblent selon les besoins ; manière d’illustrer les concepts de modularité et d’adaptabilité.  La toile cirée qui les recouvre reprend les cimaises de l’exposition initiale. Posées dessus, les photos sont manipulables, les textes sont derrières. Chaque projet a donné lieu à une sélection de livres du centre de ressource du deuxième étage, ils sont installés sous les lampes de chevet. Parfois des bouilloires et les dosettes de café attendent le visiteur.

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Une exposition qu’on a pensé comme une invitation à découvrir ou à rêvasser une architecture. Aussi, faire bisquer les bureaucrates d’en face, allongé sur la moquette, à faire des constructions en bois, en sirotant un thé. Ou passer la journée plongé dans l’intégrale de Ivan Illich, en mangeant des bananes. Ça tombe plutôt bien, le tome 1 est à côté de la corbeille de fruit.

Tout le mobilier a été construit à quelques mètres de là, dans le dernier hangar du môle, géré par l’association Fructôse, une base de soutien aux artistes. Nous avons pu dormir dans les loges jouxtant le hangar et ainsi vivre quelques temps au milieu des bateaux, à s’y sentir dans l’un d’eux. Nos nuits bercées par les bourrasques de vent, le vrombissement des moteurs diesel et les fumets de fioul.

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2 – BETA VULGARIS

Et nous sommes revenus. Au printemps, accompagnés de nos accolytes Saprophytes. Cette fois, c’est plutôt Simone Kroll qui était à l’honneur. Afin de prolonger l’exposition vers l’extérieur du bâtiment, sur le môle 1, nous avons proposé une installation qui puisse accueillir un bout d’exposition et son illustration directe : un jardin.

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Michel Desvignes aurait bien aimé dialoguer avec les tas de minerais, posés en cône par les grues sur le môle voisin, pour le créer, son jardin. Au pied de la Halle aux sucres, c’était sans compter sur le vent. Ses tas de terre se sont envolés avec les embruns. Il n’en reste que les bases, blocs de béton lisse disposés en cercle, hauts comme des assises et disséminés sur une étendue d’herbe. Aujourd’hui tout le monde l’appelle le « jardin bulle ».

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Signe de notre collaboration avec les Saprophytes, nous avons ressorti les dômes géodésiques de la Condition Publique de Roubaix qui attendaient bien au chaud. Leurs diamètres correspondent à ceux des cercles en béton. Nous les avons transformé en serres. À la fois comme abris d’exposition du projet de jardin de Simone au festival de Chaumont, et comme moyen nécessaire à l’illustration de ce premier jardin vivrier chaumontais. Les espèces plantées se veulent être la continuité du petit-déjeuner qui attend les visiteurs quelques étages plus haut. Outre des betteraves à sucre (beta vulgaris) vous y trouverez tout ce dont vous rêvez pour le petit-déjeuner : framboises, bananes, fraises, cocotiers…

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Pendant longtemps nous avons voulu construire dans une des serres un sauna. Mais les obstacles techniques et les exigences d’entretien ont mis à mal cette lubie. Nous avons donc laissé une place plus importante à un espace pouvant accueillir du monde lors d’événements mais surtout de pouvoir manger son sandwich au soleil ou protégé de la pluie mais surtout à l’abri du vent. Une installation qui propose aussi une suite à ces jardins bulles.

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Plusieurs ateliers seront organisés jusqu’à la Saint Martin en novembre, jour dédié à la sculpture sur betterave, vous pouvez vous renseigner auprès de la Halle aux sucres ou des Saprophytes.

[1] « Contraire de la solitude »

Remerciements, à toute l’équipe du Learning center ville durable avec qui nous avons collaboré, aux coups de main, d’Alexandre, le local de l’étape, de Thierry, pour les nouveaux cutters, de Dino pour les grandes bouffes, aux Saprophytes pour cette nouvelle collaboration fructueuse, à quand la prochaine, et à l’équipe de Fructôse, Marlène, Thomas, pour l’accueil, la teuf, le matos et les petits soins.

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