Du 04 au 10 décembre 2011, dans le cadre de son Détour de France, le Collectif Etc a fait étape à Saint-Étienne, mandaté par l’Établissement Public d’Aménagement de Saint-Étienne (EPASE) pour une mission sur le quartier de Chateaucreux. L’objectif était d’amener le citoyen à redécouvrir l’environnement qu’il habite ou qu’il fréquente en traduisant dans l’espace public son vécu, son imaginaire, ou ses idées d’amélioration.

 

UN ATELIER MOBILE

Autour d’un atelier mobile, qui s’est déplacé au cours des différentes journées, les passants étaient invités à identifier un élément visible autour d’eux puis à réagir. Sur la base d’une discussion, trois thèmes étaient proposés pour déclencher les commentaires : histoire (en rouge), rêve (en bleu), ou idée (en vert). Le premier thème concernait les histoires vécues ou connues s’étant déroulées aux endroits désignés. Le deuxième faisait appel à l’imaginaire des gens et aux rêves que ces lieux pouvaient provoquer. Enfin le dernier thème incitait à proposer une idée concrète à mettre en oeuvre pour les améliorer. Les gens ont ensuite localisé leur témoignage sur une photo aérienne du quartier, puis l’ont inscrit dans son contexte par le biais d’un panneau de signalisation apposé sur les poteaux de la ville. Chacun sera libre ensuite, en découvrant ces panneaux, d’appréhender une nouvelle lecture de la ville, plus sensible. Par ce dispositif impliquant les usagers, nous avons testé des manières de croiser des visions différentes sur le développement du quartier. Chaque citoyen était amené à proposer et afficher sa propre vision du quartier, différente de celle des experts de la ville.


DES PANNEAUX DE SIGNALETIQUE

Nous avons mis en place un dispositif pour réaliser des panneaux de signalétique en quelques minutes. Des lettres sont préparées sur du papier autocollant, et une fois la phrase choisie, les lettres sont collées sur une planche de bois, puis peintes selon la couleur du thème. Les lettres sont ensuite décollées, et le panneau est fixé à un poteau déjà présent dans l’espace public.



UNE CARTOGRAPHIE SENSIBLE DU QUARTIER
Dans le protocole de récolte des informations, nous avons choisi de nous placer à plusieurs reprises sur des « balcons » remarqués par l’Atelier Ruelle, agence d’urbanisme travaillant sur la ZAC de Chateaucreux. Leur travail soulignait des cônes de vision à partir desquels les vues portent sur le grand paysage.
Nous nous sommes appuyés sur ce travail pour définir une série de lieux pour la récolte des paroles des passants. Ils forment trois parcours qui mettent en avant des espaces différents du quartier de Châteaucreux : en partie basse (parcours A-B-C-D), en suivant l’axe des voies, un premier parcours dans le quartier en construction ou récemment sorti de terre ; en partie haute (parcours J-K-L-M-N), une succession de points dans des quartiers d’habitation populaires, sur la « ligne de confort » définie par le relief et repérée par l’Atelier Ruelle comme ouvrant de nombreux cônes de vision ; enfin, un parcours intermédiaire (E-F-G-H-I) dans une zone mixte avec des bâtiments anciens et récents, destinés à plusieurs usages.
À chaque point du parcours, les paroles récoltées devaient porter impérativement sur un élément visible depuis ce point.
Tous les points commentés recencés au cours de la récolte ont été positionnés sur une carte Google Maps, d’accès libre en ligne. À grande échelle, ils mettent en évidence l’ancrage du quartier dans un territoire plus vaste.
La carte qui suit représente l’intégralité des commentaires, reliés avec le point à partir duquel ils ont été récoltés. Cette carte est décomposée en trois « sous-cartes » illustrant chacune une unique catégorie de commentaires.
Le bleu correspond à la thématique « RÊVE » :

Le rouge correspond à la thématique « HISTOIRE » :

Le vert correspond à la thématique « IDÉE » :

Cet ensemble de cartes fait ressortir les lieux qui concentrent le plus de remarques des passants. Nous tenons à préciser ici que nous sommes conscients des limites de cette étude, réalisée seulement pendant quelques jours, durant la journée, en semaine, en hiver, etc. Nous en donnons donc ici une interprétation (et non une vérité statistique) qui peut donner une idée suggestive des représentations du quartier.

– Le bâtiment de bureaux de Saint-Étienne Métropole (au croisement de la rue de la Montat et de l’avenue Gruner) recueille de nombreux commentaires sur son aspect esthétique, soit très enthousiastes soit très négatifs. Il ne suscite que peu d’envies ou de propositions pour le futur et est cité tant depuis ses abords immédiats que depuis des lieux plus éloignés ;
– Le nouveau siège du groupe Casino est très commenté, notamment par ses employés, et décrit comme étant un « bateau », il contribue à l’image de « quartier des affaires » du quartier ;
– La gare Châteaucreux et son parvis évoquent le voyage, beaucoup souhaiteraient qu’il y ait plus de commerces et d’activités à proximité immédiate ;
– L’îlot Weiss, qui était le lieu de l’ancienne usine de chocolats Weiss, est associé à de nombreux souvenirs. Le terrain est actuellement vide et plusieurs propositions pour des usages à implanter ont été relevés ;

– Les collines autour du quartier Montreynaud et de la Talaudière restent des repères dans le paysage urbain et semblent importants pour beaucoup de Stéphanois.

De manière générale, les terrains vides recueillent de nombreuses idées et les bâtiments récents sont commentés sans être fondamentalement remis en question ni apparaître comme des supports de projets.


LES VISIONS PANORAMIQUES.

Les visions panoramiques retracent le champ visuel du piéton lors de la récolte des commentaires. Les commentaires dépendent du type d’usager de l’espace public.

Ainsi, les commentaires de la zone tertiaire près de la gare (Casino, SE Métropole, EPASE..) correspondent à des usagers travaillant dans le quartier mais n’y habitant pas :
« Un tapis roulant qui m’emmène de mon bureau à la gare »
« Un parking en plus, on a mille places en sous-sol c’est pas assez ! »
Les commentaires récoltés dans des zones de logements (rue Ferdinand, rue des Alliés..) ont trait à la vie sociale du quartier :
« J’aimerais qu’il y ait des balançoires sur la place »
« À Saint-François sans savoir pourquoi je me sens chez moi »
Certains points de récolte, des « balcons » sur la ville, sont propices à l’ouverture sur le paysage environnant :
« Ça ressemble encore à de la nature, il ne faut pas que ça change »
« Les collines, c’est Hollywood »
Pourtant, dans certaines rues, le bâti dégradé et peu entretenu empêche de se projeter au delà. Pas de vision d’ensemble de la rue par rapport au quartier, pas de prise en compte des percées visuelles sur le paysage, mais un retour d’expérience concret sur la difficulté d’y vivre.
« Ici c’est la pire des rues de Saint-Etienne »

« J’aimerais que ça soit une rue normale »

Les panneaux réalisés à partir des phrases d’habitants – et par les habitants – ornent aujourd’hui les rues du quartier. L’utilisation des codes de la signalétique traditionnelle leur permettent de se fondre dans le paysage. Les passants qui les croisent du regard cherchent à savoir : Qui a dit ça ? Est-ce un coup de pub ? Pourquoi ? Les messages ne cherchent pas à vendre quoi que ce soit, il critiquent ou décrivent.

Panorama A : Depuis la place du Géant, au croisement des rues Ferdinand et Cugnot.

Panorama B : Parvis de la gare.

Panorama C : Esplanade de France, devant le siège du groupe Casino.

Panorama D : Square du regard.

Panorama E : Rue de la Montat.

Panorama F : Boulevard Dalgabio, proche de l’arrêt de tramway.

Panorama G : Avenue Denfert-Rochereau, au croisement avec la rue du Gris de Lin.

Panorama H : Dans la partie haute de l’avenue Denfert-Rochereau.

Panorama I : Rue Ferdinand, au croisement de la rue Aubert.

Panorama J : Rue Neyron, au croisement avec la rue de la Fontaine.

Panorama K : Au croisement de la rue de la Montat et de l’avenue Gruner.

Panorama L : Au croisement de la rue des Alliés et de la rue Gaspard Monge.

Panorama M : Devant l’église Saint-François, rue des Alliés.

Panorama N : Au croisement de la rue des Alliés et du boulevard Normandie-Niémen.


UNE CARTE À DISTRIBUER

Une carte destinée à être publiée et distribuée auprès des habitants à été réalisée. Elle compile tous les commentaires et présente les points de vue à partir desquels la récolte a été effectuée.

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