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Suite à l’invitation de l’École Supérieure d’Arts Plastiques de la ville de Monaco, le Collectif Etc a animé un workshop d’une semaine, sur la thématique « Hors les murs » du 5 au 9 mai 2014.

Tour de mise en grille

Au pied du port, les installations pour le Grand-Prix de Formule 1 sont en train de surgir, les Bentleys se faufilent à la pelle entre manitous élévateurs et techniciens en gilet jaune. L’effervescence est là, on la palpe, on passe sous les tribunes échafaudées, on piétine les chicanes rouges et blanches fraîchement peintes sur les trottoirs. On explore. Les frontières avec la France sont quasiment invisibles au sol, au détail d’un traitement de pavé, des encombrants entassés changent de nationalité d’une façade à une autre de la même rue, des plaques des noms en travertin gravé pour les monégasques, en métal émaillé chez les français. Au loin, on aperçoit mieux les limites du pays le plus dense du monde, où les tours en éternels travaux s’arrêtent.

Le GP colonise pour quelques semaines quasiment les 2 km² de cette ville-pays phénoménale.
La fourmilière foraine est de courte durée, bientôt les grilles seront recouvertes de grandes bâches bleues et sépareront le zoo urbain des automobiles. Seuls les décibels des bolides lancés à pleine vitesse passeront les glissières métalliques. Ils assourdiront de manière égale les oreilles des spectateurs enserrés sur leur siège à Grand Prix de plastique bleu face au casino de Monte-Carlo, que les voisins footballeurs français du terrain synthétique du haut du quartier de Beausoleil. Ces sièges bleus, que les touristes louent aux environs de 400€ par jour, c’est le symbole de la privatisation temporaire de l’espace public. Le mobilier urbain habituel a disparu sous les échafaudages, ou ne regarde plus que les bâches.

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L’écurie et ses bolides se dépassent

Jérémy, William, Sophie, Rémy, Xavier, Gaël, Lydia, Evan, Tristan, Laurène, Pantéa. Une belle équipe de l’École Supérieure d’Arts Plastiques de la ville de Monaco. Perchés sur le rocher, à deux pas du palais princier, l’école jouxte le club de boulistes au terrain le plus cher du monde sponsorisé par Nutella, elle surplombe le port et son circuit de voiture urbain fraîchement déployé.
Les élèves arrivent dans la cour du Pavillon Bosio au compte-goutte des différents trains en retard de Nice, un premier tour de table, une visite thématique de la ville et c’est en groupe qu’ils définissent le thème du Grand Prix comme support de la semaine de workshop.
– Y a aucun point de vue gratos ! Tout est bouché, bloqué, bâché, jusqu’au jardin exotique !
– Il faudrait faire une chaise haute pour trouver la vue parfaite sur la chicane de la piscine ou un périscope mobile pour passer les barrières ou alors on troue les bâches au cutter.
– Un gradin bien mal placé, pour qu’on se pose des questions.
– Si on met quoi que ce soit dans la rue on va se le faire enlever, déjà qu’on a pas le droit de marcher dans l’herbe…
– Améliorer le confort des places du « peuple » au milieu du glacis plein de ronces, des porte-manteaux dans les arbres, sièges baquets avec coussins, porte-canettes…
– Un fauteuil balançoire pour contrer l’ennui des tours qui défilent à 305km/h ?
– Pirater la signalétique du GP pour emmener découvrir l’autre Monaco, un autre circuit.
– Un siège-pédalo flottant, du port on voit tout, et on fera chier les gros yachts de 40 mètres avec héliport…

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Et le spectacle vrombit

Il est vendredi, le soleil assomme, les casquettes rouges sont de sortie, les bancs sont rares.
Les sièges bleus en bois se confondent parfaitement avec les milliers de vrais disposés dans les tribunes qui parsèment le circuit ; sur la piste quelques monoplaces font déjà rugir leur V12. Toute l’équipe est habillée en supporter monégasque,  les drapeaux virevoltent, nous crions pour la photo, on s’y croirait. Les gradins se perchent sur les barrières, s’accrochent aux murets, se suspendent. Il en est un qui se lit face à la mer calme, il en est un qui ne comprend pas comment il a atterri derrière les barreaux. On les déplace, à la plage, sur le quai, sur un toit face au casino, au solarium. A chaque fois on cherche le meilleur point de vue, on n’y voit rien, on y voit tout ce qu’il faut voir.
Enfin, à peine disposés à l’endroit idéal, les gradins se fondent dans le décor spectacle et les badauds s’y assoient.
Le groupe s’émerveille de l’instant.

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Ligne qui s’échappe des masses et des parois, fuyante vers l’eau ;
incontrôlée, sa précipitation se heurte aux saccades.
Elle se décroche des plateaux, s’étire à travers les plans.
Ligne droite à mouvements lents, coupe entre l’ondulation et le souffle ;
elle entreprend là sa mouvance à une allure calme.
Maréenéité/Ondinité, étendue à vue, distance continue entre le corps et l’inaccessible.
VOGUE

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Queue de poisson à l’épingle de la Rascasse

Le lundi, la mairie appelle l’Ecole Supérieure des Arts Plastiques et Scénographie pour qu’ils retirent les installations éphémères, un des gradins est dégradé, il y a eu des plaintes. Monaco est un petit monde, tout se sait, l’administration et les élèves ne tiennent pas tête et se plient à la demande.
Tout est démonté ou jeté.

Le Grand Prix se déroulera comme à son habitude sans encombres, et les presque 100 000 spectateurs seront ravis du barouf doré. Ce que retiendra l’équipe.fr  et  le monde de cet évènement, le trio gagnant arrosé au magnum :

1001er / N.ROSBERG sur Mercedes-Pirelli en 1h49’27 »661 et une vitesse moyenne de 142,8 km/h
1002ème / L.HAMILTON sur Mercedes-Pirelli à 9″210
100-13ème / D.RICCIARDO sur Red Bull-Renault-Pirelli à 9″614

Merci à tout l’équipe de l’ESAP pour l’invitation et la confiance qu’elle nous a accordée, tout particulièrement Sandrine Perrin, Jean-Sylvain Marchessou, Ewan McNab, Stéphanie Gandolfo, Marie-Hélène Savigneux et Isabelle Lombardot.

Merci aux élèves qui ont joué le jeu, Jérémy, William, Sophie, Rémy, Xavier, Gaël, Lydia, Evan, Tristan, Laurène, Pantéa et aussi Julia et Charlène.

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