La dernière semaine de juin 2012, nous avons été invités par l’Atelier d’Architecture Autogérée (A.A.A) basé à Paris, pour réfléchir à l’aménagement du jardin Michelet à Colombes (92).

Ce jardin fait partie d’un projet global d’expérimentation, R-Urban, mêlant agriculture urbaine, économie sociale et solidaire, culture locale et réflexion sur l’habitat, dans une logique de création de réseaux locaux et de circuits courts. La ville qui a choisi d’accueillir cette expérimentation est la ville de Colombes dans les Hauts-de-Seine.

L’AMÉNAGEMENT DU JARDIN MICHELET

Le jardin Michelet est l’un des trois pôles d’intervention de AAA dans le cadre du projet R-Urban. Il abrite l’Agrocité, une unité d’agriculture urbaine. Ce jardin est divisé en plusieurs parcelles, aux usages distincts.

Premièrement, une zone est affectée à une production maraîchère, l’Agrolab, destinée à être vendue directement dans un futur lieu de proximité, « l’Abris de Jardin », prochainement construit en relation directe avec la rue. Ce bâtiment, pensé en matériaux de récupération et entièrement démontable abritera, organisés autour d’une grande serre, une salle commune, une kitchenette et une salle de bricolage. C’est en ce lieu qu’une bibliothèque de graines, un café associatif et le mini-marché de la production locale prendront place.

Ensuite, séparés de l’Agrolab par un axe de circulation central, des jardins partagés sont proposés aux habitants des environs qui désirent s’occuper personnellement d’un morceau de terrain. Pour finir, un jardin pédagogique est mis en place pour organiser des ateliers de découverte autour de la culture du potager.

Nous sommes intervenus dans l’aménagement de structures permettant de créer un espace de convivialité propre au jardin partagé, et de structures techniques pour un fonctionnement autonome du jardin -vermicompost, toilettes sèches et circulation.

LA PLANCHE DE SECHAGE

Le projet R-Urban valorise le ré-emploi de matériaux dans la construction des structures présentes sur le jardin. De nombreuses planches de séchage pour parpaings ont été récupérées pour un second emploi. L’abondance de ce matériau aux dimensions bien définies (140 x 110 x 4 cm) nous a permis de composer le projet avec une trame de construction dépendant de ces dimensions.

Parallèlement au rachat de matériaux de seconde main, les chantiers de construction avoisinants nous ont aussi permis de récupérer des matériaux supplémentaires (palox démontées, chute de bois, menuiseries) que nous avons ré-employés pour nos constructions.

Notre intervention est répartie sur deux endroits sur le site, afin de répondre à des besoins techniques et de rencontres entre les usagers du jardin. Elle se compose de deux structures indépendantes, répétant le même système constructif et connectées par un axe central. Cette colonne vertébrale sépare les deux principales entités du jardin et relie tous les sous espaces de l’Agrocité.

Comme pour le projet de bâtiment donnant sur la rue dont le sol sera exclusivement composé de planches de séchage, nous avons marqué l’axe central avec ce matériau. A terme, c’est sur ces planches, que les utilisateurs du lieu marcheront depuis la rue jusqu’au fond du jardin, en passant par les installations conviviales et techniques.

LA CABANE D’ACCUEIL

Même si ce jardin n’est pas destiné à devenir un espace public accessible à tout un chacun, il a pour but de servir de réservoir à idées capable de faire naître des initiatives chez les voisins alentour. En effet, les parcelles disponibles de jardins partagés étant déjà occupées et entretenues, l’enjeu ici n’était pas d’inciter les habitants à s’approprier l’espace mais plutôt de leur faire découvrir la démarche de l’Agrocité et ses techniques innovantes. L’idée était de les sensibiliser à de telles pratiques et peut-être plus tard faire rayonner et multiplier ce genre d’initiative, en agriculture urbaine, aux terre-pleins, toits et délaissés à proximité…

C’est ainsi que pendant toute la durée du chantier, une cabane d’information a été mise à disposition des passants et usagers du jardin. Elle permettait de rendre visible le chantier depuis la rue, d’inviter le public à entrer et de lui expliquer le projet global à l’aide d’une maquette et de supports graphiques. On pouvait y diagnostiquer rapidement les actuels et futurs lieux de convivialité du jardin. Le public pouvait ensuite participer directement au chantier ou simplement le visiter.

LA TERRASSE CONVIVIALE

Dans un jardin partagé, on s’occupe de son morceau de terrain, mais on boit aussi beaucoup de café ! Cultiver sa parcelle devient un prétexte de rencontre entre les personnes d’un même quartier qui se retrouvent autour d’un lieu de convivialité. Nous avons décidé d’installer cette terrasse au centre du jardin adossé au mur en parpaing d’un atelier de métallerie, posé sur une dalle en béton, un peu en hauteur par rapport aux plantations. Dans peu de temps, sous la pression immobilière cet atelier de métallerie va disparaître. La terrasse dispose d’une structure permettant d’accueillir une future toiture légère. Elle permettra non seulement de bien séparer la limite foncière, mais aussi de cadrer le jardin en rentrant en dialogue avec la future épicerie.

Comme nous l’avons expliqué plus haut, la planche de séchage est utilisée comme module de construction. La structure suit ces dimensions et se répète sur des portées de 1m50. Ce système constructif permet de s’affranchir de la mise en place de fondations de type béton, respectant ainsi le caractère éphémère de l’intervention. Cet assemblage est répété pour l’ensemble de la terrasse.


LA ZONE TECHNIQUE

Cette structure multi-usages trouve sa place au fond de la parcelle, à proximité de l’espace de stockage de matériaux. Elle intègre des toilettes sèches, suivies, logiquement, par des bacs, destinés à la mise en place d’une unité de compostage. Cette petite usine à compost traitera, à la fois, les déchets végétaux du jardin et les résidus des toilettes. Elle utilisera la méthode dite du vermicompostage et produira ainsi du terreau de qualité mais servira également de chauffage d’appoint pour la future épicerie.

En son front, on y trouve une assise, servant d’espace d’attente, dans le cas où votre éventuel prédécesseur se soit senti à son aise et ait commencé la lecture d’un ouvrage présent dans la bibliothèque à sa disposition à l’intérieur.

La zone technique est construite suivant le même principe constructif que la terrasse, déterminé par les dimensions du matériau planche de séchage. Nous avons ensuite amorcé l’habillage des toilettes avec un bardage ajouré, fait à partir de planches de palette irrégulières.

Nous avons posé les bases de ces deux structures, laissant le champ libre à leur amélioration. La semaine suivante, un second workshop, avec l’ECO-Nomadic School, s’est attaché, entre autre, à poursuivre la construction de ces deux installations.

L’usine à compost devrait prendre place bientôt dans ces nouveaux locaux. Et la terrasse accueillera, comme elle l’a déjà fait, des repas à base de mets locaux, partagés par les utilisateurs de ce lieu prototype.

Nous remercions l’Atelier d’Architecture Autogéré, de nous avoir invité à participer au développement de ce projet, nous souhaitons également remercier toutes les personnes nous ayant prêté main forte lors du workshop, pendant une heure ou toute la semaine, une petite dédicace à José Maria Ortiz Cotro pour ses vidéos et ses recherches, Francesca Cipro pour son entrain et tous les autres …

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