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« Chère Architecture d’Aujourd’hui »

By 03 juin 2014point de vue

Pour son 400ème numéro, la revue L’Architecture d’Aujourd’hui a demandé à Claude Parent, Nicola Delon (Encore Heureux), Francis Marmande, Thierry Paquot et nous même de nous projeter en 2081. Objectif : imaginer les courriers qu’on aurait pu envoyer à l’occasion du numéro 800.

Chère AA,
Pour toi, tout a commencé il y a bien longtemps. En 1930 exactement, voilà 150 ans.
Rappelle-toi lorsque tu as pris forme pour la première fois. Par l’intermédiaire d’André Bloc, tu nous présentais ta ligne éditoriale : «Lutter contre». Et d’énumérer tes combats : «la routine», «les règlements défectueux», «la vague de laideurs»…
L’époque était sombre, mais regarde le chemin parcouru ! Te souviens-tu qu’alors les industriels écrivaient les réglementations ? Que des «élus» (sic) prenaient des décisions à notre place ? Que l’habitat était réduit au logement, lui-même bien de consommation, voire un investissement !
Fort heureusement, la révolution conviviale est passée par là, et a réussi à balayer cette longue et aberrante parenthèse qu’on appelait alors le capitalisme. Les anciennes oligarchies de l’époque ne sont plus, les assemblées populaires dominent. La coopération à remplacée la concurrence, et ton «lutter contre» d’alors a su se muer en «faire pour». Ou plutôt en «faire ensemble», car la collectivité  s’est réappropriés les moyens de production d’une existence juste. Le loisir et le travail ne font plus qu’un. Le maître et l’étudiant se confondent. Chacun partage avec l’autre un habitat maitrisé, désiré, respectant les équilibres globaux. L’action commune transcende l’intelligence collective. Tous sont capables.
Il est vrai qu’il s’en est fallu de peu pour sombrer pour de bon. La mondialisation se construisant dans des flux dématérialisés, la perte de sens s’est accompagnée d’une perte de lieux. Mais en quelques situations, en quelques insurrections bien localisées et bien ancrées dans le réel, la société s’est reconfigurée. Pas d’un seul coup bien sûr, mais sans exclure, en repensant l’ensemble.
Seul, l’Ordre est tombé, et le désordre s’est organisé. Il n’y a plus d’architectes à défendre, ou d’architecture à mépriser.
Ton nouveau nom est trouvé : « L’Architecture d’Autrui ».

Collectif-Etc-Architecture-Aujourdhui-400-a

For its 400th issue, the magazine « L’Architecture d’Aujourd’hui » asked to Claude Parent, Nicola Delon (Encore Heureux), Francis Marmande, Thierry Paquot and the Collectif Etc to project themselves into the year 2081 to imagine the letters they might send on the publication of No. 800.

Dear AA,
It all started a long time ago for you. In 1930 to be precise, 150 years ago. Remerber when you took shape for the first time? Through André Bloc, you presented your editorial line: to « fight against ». You then listed your battles: « routine », « defective regulations », « the wave of ugliness », etc.
It was a dark tim, but just look how far we come! Do you remember when industrial players used to dictate regulations? « Elected representives » (sic) took decisions on our behalf? Housing was reduced to living somewhere, and property was a consumer good or even an investment!
Thank goodness, the user-friendly revolution took place and swept away the long and aberrant disgression that was capitalism. The former oligarchies of the time no longer exist, and people’s assemblies have taken the helm. Cooperation has replace competition, and your 20th-century « fight against » has been transformed into « do for ». Or rather, « do together », as the means of creating a fair existence have been grasped collectively. Leisure and work are now combined. The lines are blurred between the teacher and the student. Each person shares a place to live that is controlled, desired and in compliance with global balances. Common action transcends collective intelligence. We are all capable.
It is true that we almost sank into disaster for good. As glaboalization grew with paperless flows, the loss of meaning occurred together with a loss of location. Yet in some situations, in some insurrections that were precisely located and deeply rooted in reality, society recomposed itself. Not all at once of course, but without exclusion, by rethinkink itself as a whole.
Order collapsed and disorder became organized. There are no more architects to defend, or architecture to spurn.
Your new nam has been found : « L’Architecture d’Autrui ». (Altruistic Architecture)

Collectif-Etc-Architecture-Aujourdhui-400-b