Au mois de mars 2022, nous nous sommes rendus pour 9 jours à l’Ouest de Toulouse, dans le quartier du Mirail, plus précisément sur la friche des Pradettes. Nous étions d’abord invités pour un workshop par les supers enseignants.es du DnMade Nouvelles pratiques Urbaines, du Lycée Rive Gauche, situé dans ce même quartier. Puis nous nous sommes rapidement liés d’amitié avec l’association Natures Pradettes qui nous a passé commande, puis nous avons inclus l’école d’architecture via Joahnne Pouzenc, enseignante mais aussi membre de Constructlab et directrice de la Maison d’Architecture Occitanie-Pyrénnés et aussi l’isdaT via son directeur, Jérôme Delormas, lui aussi multicasquette (éditions 369 notamment). Que des personnes précieuses pour se mettre au service d’une lutte de quartier contre les accointances de la municipalité avec la promotion immobilière. Merci à Céline Bourget, Noëlie Dayma (atelier laberlue) ainsi que Nour Matrak pour la partie graphique et les clichés utilisés dans ce post.

Comment sensibiliser les étudiant.e.s aux enjeux politiques de l’architecture dans une ambiance créative et pluridisciplinaire liant construction, sérigraphie et graphisme autour d’un récit fictionnel militant ?

Voilà notre tentative de réponse à cette question !

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> Contexte de lutte :

La friche naturelle des Pradettes est un îlot de fraîcheur dans un quartier populaire. Mais la Mairie souhaite la vendre à des promoteurs immobiliers pour qu’ils nous densifient tout ça à coup de mètres cubes de béton. Halte ! Une association de citoyen.ne.s s’empare du sujet avec l’intelligence d’une contre-proposition sérieuse, argumentée et chiffrée : une ferme pédagogique, des jardins partagés et des jardins pédagogiques. De quoi lier des sujets de nutrition, d’écologie, d’apprentissage, de liens à la terre et d’autogestion citoyenne. L’association a même négociée et revue son projet à la baisse pour permettre de densifier partiellement la friche.

L’association a même été lauréate du budget participatif de la région et nommée Ambassadrice du Climat par la Commission Européenne.

Mais le Maire de Toulouse et son équipe, qui ont faillis perdre leur place en 2020 de quelques pourcents face à une liste citoyenne, vont user de toute leur bêtise pour faire face à ce contre-projet.

 

> Méthodologie de workshop :

Nous partageons d’abord avec les étudiants notre manière hors-cadre de travailler en racontant quelques projets. Nous déroulons ensuite une méthode assez singulière et quelque peu déstabilisante pour eux :

– première étape : trouver un récit. Plusieurs petits groupes imaginent des « fables » pour raconter l’histoire de le Friche. On y trouve les éléments d’une histoire en plusieurs étapes (un remix de Koh-Lanta, des faux matchs de catchs entre le maire et les habitants, des îles désertes où rôdent les requins de la promotion immobilière, …)

– ensuite, nous synthétisons l’histoire de manière plus ou moins cohérente puis nous faisons dessiner aux étudiants des aménagements en lien avec cette fiction : au final, la friche sera une île où les habitants seront représentés par des « chaises très longues », la Mairie par un « bateau » conquérant,,  l’association Natures Pradettes par une « vigie », un « phare » et enfin les promoteurs immobiliers eux n’auront aucune construction mais des masques de requins en papier

– là encore, nous synthétisons et finalisons les esquisses des étudiant.e.s et le chantier peut enfin démarrer

– en parallèle, une équipe graphisme imagine des banderoles de manifestations, des costumes sérigraphiés à l’école d’art et un petit dépliant dessiné racontant cette histoire

Ce workshop avait deux objectifs : aider à aménager le bout de jardin pédagogique que la mairie a bien voulu concédé à Natures Pradettes + participer et dynamiser la marche festive du samedi, démonstration de force de plus de 500 personnes pour défendre le contre-projet officiellement déposé pendant la semaine en mairie.

 

Une équipe chantier :

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Une équipe graphisme en parallèle :

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> Une fiction politique comme point de départ :

L’îlot de fraîcheur devient « l’Oasis », accessoirement le nom du contre-projet. À cela, s’ajoute l’idée du conflit et de la bagarre, mais aussi de l’amour impossible, entre les différents acteurs qui convoitent la friche :

L’association Natures Pradettes  /  les habitants  /  la mairie  /  la promotion immobilière.

Notre fiction commence à prendre forme dans un univers maritime et insulaire :

L’île, l’oasis symbolise la Friche. Les habitants se prélassent sur cette île, dans l’espace du chill. Ils voient leur tranquillité troublée par l’abordage de la mairie. Elle souhaite reprendre le contrôle de l’île. Les premiers conflits éclatent.

Non loin de là, les requins de l’immobilier, avides de nouvelles terres en profitent pour s’accaparer de l’oasis. Le phare de l’île, symbole de Nature Pradette, n’entend pas les laisser faire. Il alerte la mairie et les habitants qui décident finalement de s’unirent face aux dangers de la spéculation immobilière. Leur mobilisation commune engendre un espace de dialogue et de slogans qui repoussent les requins !

Cette fiction nous permet d’imaginer des modules mais aussi des costumes, des pancartes et des drapeaux. Un fanzine est aussi à produire pour mettre en scène notre récit. Le tout vient activer et renforcer la marche de la fin de semaine :

La tour représente le phare nature Pradette.

– Celui des transats évoque les habitants et leur espace du chill

Un bateau illustre la mairie. Sur roulette, il devient le char de la marche, et se décline en deux gradins mobiles, espace de parlement populaire.

Des costumes sérigraphiés représentent les trois acteurs, des masques et cravates symbolisent les requins de l’immobilier.

L’association Natures Pradettes a tenté une synthèse de cette histoire loufoque mais derrière les apparences très politique :

 

 

> Dynamiser une marche festive :

Comme prévu le workshop se conclut sur une marche festive éminemment politique et joyeuse, dans un désir collectif de changer les choses. Le temps pour les étudiants de faire parade sur notre magnifique char/bateau, arborant les costumes fraîchement sérigraphiés et distribuant les fanzines.

Cette marche citoyenne et coloré pose la question de comment on lutte, entre manifestation politique et fête de quartier, le tout sur fond de batucada, de danses et de sourires, sans oublier quelques discours.

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L’association Natures Pradettes en a capté une version par ici :

 

 

> Un chantier collectif, une manière d’habiter les lieux :

Là, nous nous sommes organisés en plusieurs groupes. Une équipe construction répartie sur les 3 modules, la tour, le bateau et les transats. Une autre centrée sur le graphisme qui enrichit et active le récit. Certains s’occupent des textiles, costumes et drapeaux. D’autres s’affairent aux slogans inscrits sur des pancartes de manif. Enfin une dernière équipe se consacre au fanzine sérigraphié qui raconte le récit.

Mais ce n’est pas seulement ça le workshop. Sortir de l’école et partager des moments ensemble c’est aussi se confronter aux aléas. C’est affronter une météo capricieuse, en ciré, en pull ou le visage tartiné de crème solaire après s’être fait surprendre par les premier rayons de l’année. C’est aussi le bruit. Entre scie à onglet, meuleuse et ponceuse.

C’est aussi prendre soin du groupe, organiser des temps ensemble, boire des verres, faire un blind test ou une séance d’étirement pour conclure la journée. Enfin (et surtout !) c’est organiser les repas pour lesquels un groupe de 5 étudiant.e.s s’affairent chaque matin.

 

 

 

 


Merci à Alice, Valérie, Lola et Stephan, enseignants.es supers et déters du DnMade !

Merci aux membres de l’association des Pradettes, ne lâchez rien  !

Merci aux étudiantes de l’Isdat, Noémie et Céline pour leur soutien et leur engagement sur la partie graphique.

Merci aux étudiants qui ont participé aux workshop bien sûr !

Enfin merci aux étudiants de l’école d’archi ENSAT et de leurs deux enseignants de nous avoir régalé avec leurs repas du vendredi soir.

 

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