Aménagement d’un jardin partagé en chantier ouvert avec les résidents du Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile (CADA) de Cavaillon (84).
En Février et Mars 2022, nous sommes de retour à Cavaillon avec Au Maquis, qui « sème les graines du changement avec tous.tes les citoyen.ne.s ». Rendez-vous à la résidence ADOMA, ancien foyer jeune travailleur dont les murs ont vieilli avec leurs résidents, et qui héberge aujourd’hui « l’activité asile ».
Un grand jardin entoure la résidence. Il est arboré de nombreux figuiers et fruitiers, tous plantés et entretenus par les chibanis, résidents ici depuis 30, 40, 50 ans… Au maquis profite du jardin comme support pédagogique : ils organisent des sessions de jardinage collectif, des ateliers cuisine et de grands repas.
Autant de prétextes pour se rencontrer, créer du liens et améliorer un tant soit peu les conditions d’accueil des résidents.
Une première pierre pour ancrer ces nouveaux usages collectifs dans le jardin.
Première étape : Se rencontrer
C’est la première fois que nous rencontrons les résidents du CADA. Rendez-vous dans le jardin à 10h, sous le grand saule, pour un petit déjeuner collectif, café, thé, brioches et dattes. Les premiers résidents arrivent timidement. Heureusement, Fanny qu’ils connaissent tous est là pour motiver les troupes et faire le lien entre nous, le dialogue s’engage ensuite rapidement. Quelques chibanis curieux quittent même leur banc favori pour se joindre à nous.
On commence un atelier pour comprendre les envies et besoins de chacun vis-à-vis du jardin.
Pour ça nous avons préparé des cartes illustrées avec des activités/actions (manger, jardiner, regarder les étoiles, lire un livre…) dont certaines étaient blanches pour laisser les résidents s’exprimer. Les cartes dessinées sont un support d’échange, elles permettent de se comprendre sans être contraint de n’utiliser que le langage – certains ne parlent pas encore le français ou l’anglais.
Les gars laissent libre court à leur imagination et à leur talent de dessinateur. Ils souhaitent surtout faire du sport, avoir un coin « chill/détente », pouvoir faire un barbecue, s’installer autour d’une table pour cuisiner ou manger, et faire du jardinage. Certains sont partant pour une cabane de jardin ou des plantations de maïs…
Après avoir tracé un plan à main levée nous sommes allés dans le jardin pour déterminer les endroits où l’on pouvait s’installer. Sous les figuiers, à l’abri du saule pleureur ou contre la haie de cyprès, on cherche surtout l’ombre. Nouradin insiste sur les chaleurs étouffantes que l’on connaît par ici l’été.
Le grand saule pleureur emporte l’adhésion générale. C’est là que naturellement les différents ateliers et rendez vous collectifs se font.
Le chantier ouvert :
De retour sur site, fanny a fait passer le mot, nous sommes attendus.
Nous avons finalisé le dessin pour pouvoir se mettre d’accord avec les gestionnaires du site. Le dialogue n’est pas simple et pousse à ne prendre aucun risque constructif (construction ras du sol) ni d’usages (pas de feux ni de barbecues, pas d’agrès de sport explicites). Nous arrêtons donc l’esquisse sur une table avec des assises ainsi qu’un coin plus détente / transat pour se poser au soleil – voir même faire quelques abdos si la motivation est là !
C’est parti pour une semaine de construction, on se répartie en plusieurs petits groupes, ceux qui découpent, mesurent, trient, préparent la peinture suédoise (farine, eau, pigments huile de lin et savon noir). Sans oublier d’avoir partagé un petit déj’ avant !
L’équipe du maquis est là pour nous aider et assure les repas du midi avec l’aide de quelques habitants. Sont concoctés : mafé, sardines grillées, couscous, thieboudienne et crêpes.
Après le jardin, la cuisine et la construction, la musique aussi est un super outil de partage et d’échange. Alors le travail est rythmé par les sons que chacun vient passer sur l’enceinte de chantier. De là naît une super playlist où on trouve de la nouvelle musique éthiopienne comme du tradi soudannais, du raï ou des danses kurdes, aussi pas mal de tubes internationaux qui font vibrer tout le monde en même temps. Oh darling please … stand by me !
Des sourires, de l’ambiance et de la bonne humeur : on espère se revoir bientôt autour d’un repas ! Un grand merci à l’équipe du Maquis, Fanny, Maud, Neslie, Eric, ainsi qu’aux résidents pour leur accueil chaleureux. Merci aussi aux éducateurs et à toute l’équipe d’ADOMA et du CADA.