Dans le cadre du projet Berges de Seine, le Collectif Etc a été invité par Artevia et l’APUR à investir l’espace situé sous le pont de la Concorde à Paris afin d’y proposer de nouveaux usages. L’intervention s’est déroulée en 2 phases, du 9 au 14 décembre 2013 et du 21 au 26 avril 2014. Nous avons travaillé pour l’occasion avec Lucile Réguerre, scénographe, et Mickaël Fauchoix, éléctricien, avec Timothée Gouraud et Diane Bousquet pour le projet graphique, avec Emmanuel Granier et Hervé Wysocki du bureau de contrôle ICE pour le suivi sur la partie structure et électricité du projet, et avec l’atelier Bivouac, paysagistes en herbe et constructeurs pour l’occasion. Plusieurs artistes se sont produits sur la piste, notamment le collectif BIM, qui a passé une semaine en création sur place.

LE PROJET BERGES DE SEINE

Sur la rive gauche de la Seine, les quais sont depuis plus d’une année fermés à la circulation, sur une distance de près de 2,3 km allant du musée d’Orsay au pont de l’Alma. Différentes interventions y ont été réalisées et y sont programmées pour les années qui viennent. Berges de Seine est un projet de la Ville de Paris, accompagné par l’APUR et mis en œuvre par une équipe pluri-disciplinaire composée de Lille3000, Franklin Azzi Architecture, Carat Sport, Change is Good, et Artevia.

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TA TATA EN TUTU SOUS LA DOUCHE SONORE

Notre proposition a été de valoriser un usage généré par un dispositif déjà mis en place par Radio Nova et TSF Jazz. En effet, ces deux radios ont installé à cet endroit un système permettant d’écouter sa musique grâce à son téléphone portable : La douche sonore. Une playlist musicale, mise à jour tous les mois par les radios, est diffusée en continu toute la journée jusqu’à 22h. Mais à tout moment, n’importe qui peut se connecter en bluetooth et diffuser sa propre musique. Nous avons souhaité prolonger cette expérience en construisant un environnement convivial, propice au partage musical et à la danse : Ta Tata en Tutu sous la Douche Sonore.

Au cours de la ballade le long des berges, sous le pont de la Concorde, le sol devient soudain parquet flottant, les murs reflètent les passants et les joggeurs. Le long de la Seine, le trottoir s’élève légèrement pour voir le fleuve d’un coté et les danseurs de l’autre. Appuyé sur la barre de danse et éclairé par les néons blancs, on s’essaye à un pas ou deux devant son reflet et celui des autres. A la tombée de la nuit, les répétitions et échauffements sont terminés. La piste de danse à l’air libre, sorte de « boîte de jour » sans les videurs et aucun droit d’entrée, se transforme en dancefloor le soir, au fur et à mesure que la boule à facette et les éclairages de couleurs chaudes se mettent en branle, pour inviter ta tante à danser, avec ou sans tutu.

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UNE INSTALLATION EN 2 INTERVENTIONS

LA PISTE DE DANSE

Nous avons mis en place la piste de danse, le cœur de l’installation, lors de la première phase de chantier sur place en décembre 2013. L’une des contraintes fortes du lieu est qu’il soit inondable, essentiellement pendant la période hivernale. L’installation a donc été pensée de façon à être démontée et évacuée en moins de 24h, comme toutes celles présentes dans le cadre du projet Berges de Seine.

L’installation prend place sur une bande transversale, comme un passage obligé lors de la promenade sur la voie sur berge. Les modules construits se trouvent de part et d’autre de la piste, sur les trottoirs. D’un côté le « mur lumière », support de l’installation lumineuse, de miroirs et de la précieuse barre de danse. Et de l’autre côté la « passerelle », elle aussi support de miroirs, et qui donne la possibilité de surplomber la piste et le mur anti-crue pour voir la Seine, absente de notre regard à cet endroit du parcours.

L’entre-deux devient la piste, avec son parquet, sa boule à facette pour les soirées endiablées et le reflet sans fin dans les miroirs. Un intermède dans une promenade au cœur du Paris historique, une ambiance improbable pour un dessous de pont dans ce contexte si particulier.

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LES 3 NOUVELLES BANDES

Après avoir laissé la piste de danse au public spontané des berges pour la fin de l’hiver, il nous semblait important de prolonger la première installation, à la fois pour suggérer de nouveaux usages et compléter l’identité graphique du lieu. La seconde intervention qui a eu lieu en avril 2014, s’est ainsi articulée autour de la construction d’une série de modules, qui s’inscrivent eux-aussi dans des bandes transversales, accompagnés de totems, supports graphiques et visuels pour Ta Tata, son Tutu et la Douche Sonore.

Chacune des 3 bandes vient proposer un usage particulier – gradin, bar et assises – correspondant aux besoins des évènements de la semaine de chantier, et les modules construits restent suffisamment figuratifs pour que chacun imagine les usages qui lui correspondent le mieux. Les mobiliers sont déplaçables à l’aide d’un engin élévateur pour permettre leur évacuation rapide en cas de crue, comme pour la première partie de l’intervention.

Les bandes prolongent ainsi la piste sous le pont et proposent des assises et de nouvelles possibilités aux danseurs impromptus, à ceux qui veulent simplement écouter leur morceau préféré, aux parents dont les minots s’agitent face aux miroirs, ou aux passants qui profitent du pont pour s’abriter de la pluie lors d’une promenade sur les voies sur berges aujourd’hui piétonnisées.

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CHANTIER #1 : du 9 au 14 décembre 2013

La première semaine de chantier s’est déroulée dans le froid et pendant les courtes journées d’hiver. Les structures à construire avaient été dessinées en amont tout comme l’installation électrique et l’atmosphère graphique. Mais le chantier réserve toujours sont petit lot de surprises… L’emploi du temps fut d’ailleurs complexe à gérer entre les équipes structure, peinture et éclairage afin que toutes les tâches s’enchaînent correctement et que la piste soit prête pour la soirée d’ouverture. D’autant plus que la zone de chantier protégée était mouvante pour laisser le passage aux véhicules de livraison qui traversent régulièrement la piste de danse. Heureusement nous étions accompagnés en permanence par la musique endiablée des Douches Sonores qui remplit la voûte du pont !

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CHANTIER #2 : du 21 au 26 avril 2014

Cette deuxième intervention s’est elle aussi déroulée sur une semaine, aux premiers beaux jours du printemps cette fois-ci. Contrairement à la première phase, nous avons souhaité ne pas dessiner en détail les mobiliers et se consacrer à leur conception de façon collégiale au début du chantier. Une opportunité de partager les façons de concevoir et de penser les assemblages, de partager aussi les contraintes liées au lieu et au chantier. Une seconde semaine de chantier en effectif élargi puisque nous étions accompagnés par Diane Bousquet, par plusieurs bénévoles et amis bricoleurs, le groupe de paysagistes Atelier Bivouac, et le Collectif Bim. D’autant plus que nous avons, comme à notre habitude, ouvert le chantier aux passants et aux curieux, et aux enfants du centre social de Ménilmontant. Une semaine chargée donc, où les éléments de mobilier prenaient forme pendant que les passants s’essayaient à quelques pas de danse, que la peinture imbibait le bois alors que les Bim tentaient quelques acrobaties sur les espaces de bitume encore disponibles.

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LE LIEU COMME POINT DE DÉPART, par le Collectif BIM

Artistes performeurs, danseurs, gymnastes, athlètes, comédiens ? Le Collectif Bim ne répond à aucune de ces pratiques. Ou à toutes celles-ci plutôt, en étant en plus des praticiens fidèles de l’espace public, de fins analystes des pratiques urbaines, des amateurs de la singularité des détails qui composent notre environnement, et surtout des comédiens doués d’humour et de poésie. Invités à nous rejoindre pour la 2e phase de chantier, en avril, ils sont intervenus toute la semaine à nos côtés et ont posé leur vision et leurs corps sur cet espace particulier, mettant à l’épreuve le lieu, les usage(r)s et l’aménagement qui était en cours. Ils ont vécu et ont fait vivre le lieu par leurs jeux, exercices et autres défis plus ou moins hasardeux, à la fois concepteurs et simples usagers. Une semaine de création qui s’est achevée par deux représentations collectives à la fin du chantier, où le public a pu se retrouver dans l’image des joggeurs, constructeurs, passants et danseurs mis en exergue pour l’occasion.

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LES PREMIÈRES DANSES

Chacune des deux semaines de chantier s’est clôturée en beauté par une série d’évènements festifs pour inaugurer l’installation créée et illustrer les possibilités nouvelles de l’espace. Chacun a pu admirer les artistes invités prendre possession de l’endroit et lui donner une autre dimension. Peu à peu les gens ont envahi la scène et se sont démultipliés dans les reflets des miroirs infinis. Peu à peu les hanches ont remuées, certains ont pris la main d’un autre, d’autres ont simplement observé en souriant depuis la passerelle, d’autres encore ont tenté d’arrêter les passants pour les inviter à quelques pas de danse. La fête battait son plein, « des cercles se formaient, des concours de danse un peu partout s’improvisaient ». La Douche sonore porte bien son nom, et on a cru voir ta tata en tutu… La piste est maintenant à vous, profitez-en !

Se sont produits sous le pont de la Concorde : les comédiennes Héloise Hallauer et Sophie Engel pour une pièce de théâtre « Les Décalés », les danseuses du groupe Ast Core, les bboys Killers Beat Sama, le Collectif BIM pour deux performances, la roda de samba Santa Teresa, le groupe de variété Ma Pauvre Lucette et les Djs Imposteurs.

Ta Tata En Tutu - Berges de Seine - Collectif Etc

 

MERCI à TOUS !

Nous tenons à remercier chaleureusement toutes celles et ceux avec qui nous avons collaboré, celles et ceux qui sont venus prêter main forte : Lucile Réguerre, Mickaël Fauchoix, Timothée Gouraud, Diane Bousquet, Frantz Daniaud, Anne-Sophie Velly, Julie Baillieul, Paul Matet, Olivier Arditi, l’Atelier Bivouac, Stefano Santamato, Camille Poureau et Andréa Cloche. Merci aux danseurs, performers et musiciens cités précédemment pour avoir apporté la magie de la fin. Merci à Franklin Azzi, Viviane Claude, Pablo Georgieff et Annette Poehlmann pour leur participation à la table ronde. Merci à Christophe Rochard, régisseur technique sur les Berges de Seine, pour sa philosophie et ses conseils astucieux. Merci à Emmanuel Granier et Hervé Wysocki du bureau de contrôle ICE pour leur suivi et leur réactivité. Merci à Florent Vene, responsable production à Artevia pour son don d’ubiquité. Et merci enfin à toute l’équipe Artevia ,en particulier à Caroline Calchéra, Carole Kohen, Isis Poteau et Annette Poehlmann.

Et merci à Stefano pour cette vidéo tournée lors du second chantier.

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